Riche ! – 4

25 mai 2017

Mais gardons une once d’amour-propre, et la tête froide : ma richesse en est une qui, contrairement à celle liée à la monnaie (néfaste pour les écosystèmes, éventuellement pour l’économie), ne fait de tort à personne. Et même bien au contraire, puisque d’autres que moi ont le loisir d’en profiter périodiquement (vacanciers, famille, amis, voyageurs volontaires sur les fermes bio…) en demeurant un moment sur le lieu. C’est une médaille qui a son revers dans la somme de travail exigée ou – parce qu’il y a encore bien pire ailleurs à ce propos – aux risques pour l’avenir que fait notamment courir au lieu une possible restriction de l’accès à l’eau par les autorités compétentes. Lieu et activités sont intimement liés, et liés à cela, et ma vie ici aussi naturellement. Et les projets d’avenir également, cela compliquant toute hypothèse d’association avec quelqu’un pour agrandissement, contagion de la beauté, de la verdure, de l’humus porteur de vie aux environs, et relative diversification des activités dans un objectif de complémentarité et de partage au quotidien. Chose dont j’ai besoin, même si l’idée de partager mon grand terrain de jeu et de rêveries avec d’autres a tout pour me terroriser (et ma terreur de se satisfaire quelque part des barrières dressées devant le changement).

Riche ! – 1

13 mai 2017

Faut dire que je suis riche. Riche de vrais trucs. Comme une compagne aimante, de la famille attentionnée, une poignée d’amis sur qui je pense pouvoir compter… Et puis cet héritage : ce lieu sur lequel je vis et gagne ma vie, cet écrin de verdure, de biodiversité, propice à l’émerveillement renouvelé et à l’exposition à titre de réalisation exemplaire. De tout ça je suis riche. Et moi qui voudrais un monde un peu plus équitable, moi cette richesse me pèse. C’en est trop pour un comme moi. Pour un si peu aventurier, si peu entreprenant. Je ne m’en sens pas complètement digne, et c’est lourd. Et je m’échappe de l’évidence qu’il faudrait que ça change en m’abîmant dans ce qui me semble le plus à ma portée : l’entretien de ce qui existe… et cause mon trouble. C’est un problème de riche. Vous avez le droit de ne pas me plaindre.