10 juin 2018
À pailler les cultures, je me sens comme un père qui borde ses enfants, qui leur offre là une des conditions nécessaires à leur croissance : le maintien de l’humidité et la limitation de la levée des adventices offrirait aux plantes autant que ce que le sommeil réparateur procure aux enfants. Aussi le spectacle des cultures mulshées a-t-il quelque chose de tranquillisant.
Cette année pourtant me voit un peu moins tranquille… L’automne et le début d’hiver secs m’ont obligé à nourrir plus que de coutume mes animaux : au lieu de brouter et de glaner durant cette période quasi exclusivement au hasard de leurs 4 hectares de parcours, ils ont consommé du foin, ce foin que je destinais à devenir paillis dans mes jardins, et que je garde aujourd’hui pour mes bêtes (car il me reste des ballots, marge de sécurité oblige), n’ayant pas encore trouvé l’adresse où m’en fournir à hauteur de mes besoins pour l’année. Retour aux fondamentaux, je paille donc avec de la paille de céréales, matière très carbonée que j’avais décidé de ne plus guère utiliser à cet escient, relativement à cette propriété qui peut générer une faim d’azote, contrariant la pousse et la productivité des végétaux.
Voilà que je me sens un peu père indigne, voilà pourquoi le séduisant panorama de tiges et de feuilles vertes, pointant, ostensibles, du couvert jaune pâle, ne me réjouit pas tout à fait.