Moi, citoyen – 21

13 juin 2018

Ils sont aimables, les gendarmes venus en « visite de courtoisie », les gendarmes qui font « le tour des habitants ». On papote un peu, mais ça prend un moment avant que ne me quitte tout à fait le frisson que leur arrivée m’a procuré. On papote un peu et ils repartent. Et, sceptique, je récapitule : qu’est-ce que j’ai bien pu dire qui trahisse une quelconque irrégularité de l’activité ? Car, tout de même, n’avaient-ils pas une raison de venir ? Le plus probable semble être la recherche de Marie-Jeanne, et peut-être que pendant qu’on parlait, des collègues à eux visitaient-ils le domaine (et peut-être alors auront-ils fixé leur attention sur mes quelques plants de tabac et de pavot ornementaux dont je ne sais à vrai dire pas grand chose de ce qui règlemente leur culture)…

Ou peut-être qu’ils étaient bien simplement venus se présenter, se positionner en gendarmerie de proximité, ce qui fit évidemment dire à la première personne à qui j’en parlais : « ils feraient mieux de… (faire ceci ou cela, peu importe quoi) ». Moi je crois qu’ils ne feraient pas mieux. Je crois qu’on a tout à gagner à mieux se connaître les uns des autres, seul moyen de se trouver quelques affinités au milieu de nos différences, et meilleure chance de se témoigner un minimum de respect, de calmer les appréhensions… et de se prémunir du frisson quand on rencontre nos voisins fonctionnaires armés.

Pour ma part, il y a sans doute encore bien du chemin à faire de ce côté-là, toute forme de pouvoir me faisant l’effet d’une menace… Et à ce titre, par ailleurs, la question de la légitimité de toute autorité (notamment d’État) et de tous les abus qui sont à sa portée – dont il est régulièrement fait usage -, cette question n’est, me semble-t-il, pas de celles qu’il faut éluder.