En culture – 2

28 décembre 2018

Les séries sont à la mode, n’ont paraît-il jamais été d’aussi grande qualité. Moi, j’ai du mal à croire qu’autant d’heures passées avec les mêmes êtres fictifs puissent ne pas laisser un certain vide intérieur chez le spectateur, et puissent nourrir autant que la même durée – ou certainement une bien moindre – passée à naviguer entre différentes œuvres, avec différents artistes. J’ai du mal à croire que les postulats quasi incontournables de suspense et de nombreux personnages pour un récit dévoilé au compte-gouttes ne biaisent pas de facto la capacité à juger de ces productions en les plaçant dans la catégorie des objets addictifs… Comme le glutamate monosidique rend difficile toute tentative d’apprécier la qualité d’un plat qui en contient.

Une règle que cependant moult exceptions doivent confirmer, et à l’heure où j’ai plus de temps à consacrer aux loisirs et un accès à internet plus aisé que dans mon trou cévenol, j’ai retiré, je dois avouer, grande satisfaction à me faire la série documentaire radiophonique du Journal Breton de l’émission Les Pieds Sur Terre, sur France Culture. En vingt-deux épisodes d’une demi-heure, pour deux saisons d’une incursion dans la ruralité bretonne, et plus précisément, pour majorité, dans l’univers agro-industriel, la journaliste Inès Léraud expose avec un sens du récit et de la synthèse exemplaires les grands travers de la vision productiviste de l’agriculture moderne qui fait les beaux jours de certaines puissances économiques du milieu. Et le grand malheur de la majorité des citoyens vulnérables aux pollutions et à la malbouffe. Et l’infini désespoir des agriculteurs largués qui ne peuvent pas mordre la main de leurs maîtres (coopératives puissantes, syndicat agricole majoritaire) inféodés aux lobbies, et qui de fait, puisqu’il leur faut tout de même exprimer leur colère, attaquent principalement qui interroge leur mode de production…

Ainsi voilà une petite somme à même de répondre aux interrogations majeures de bien des gens sur la question de la crise du modèle agricole dominant. Je ne peux que souhaiter son introduction dans le plus grand nombre de conduits auditifs possible.