8 mars 2018
Fils unique, j’ai parfois exprimé, enfant, l’envie absurde d’un frère de mon âge. Et j’ai, selon ma mère, dit fréquemment que je m’ennuyais.
Il y a bien longtemps que je ne m’ennuie plus profondément. J’ai appris à ne pas m’ennuyer, j’ai tout fait pour, et, bien que je ne m’en rende plus vraiment compte, c’est toujours le cas aujourd’hui. Je continue, habitude de très longue date, à me déplacer avec lecture et carnet de croquis, bien que cela ne me serve presque plus jamais. J’ai rempli ma vie d’assez de choses, je me suis créé assez d’obligations (professionnelles, associatives…) et d’opportunités (créatives, culturelles…) pour ne plus m’ennuyer – sauf accident. Et je me tiens relativement éloigné des autres parce qu’ils contrarient ma gestion de l’ennui. Avec eux, je ne suis plus maître du rythme des choses. C’est embêtant, et je ne veux en aucun cas leur imposer le mien.
Enfant, je m’ennuyais de compagnie, aujourd’hui c’est le contraire qui arrive. C’est sans doute plus préoccupant, mais par la force des choses de mes obligations, je suis très loin de me couper du monde (et de son potentiel nourricier), sans même parler de ma vie de couple. Il y a sans doute un certain équilibre là-dedans.