23 mars 2019
Je suis aujourd’hui, en ville, dans une frustration de solitude que je n’avais peut-être jamais atteinte auparavant. Le regard des autres est pour moi un poids très important que je ne peux supporter qu’en m’octroyant à côté un temps conséquent d’absolue solitude, de tranquillité sans contrainte, soit dans le cadre de mon quotidien et loin des tâches importantes.
C’est un besoin très contraignant, et s’il n’est pas parfaitement comblé sur la ferme, je m’y accommode tout de même pas mal du temps passé seul à des tâches extérieures peu coercitives – et des pauses que je peux y prendre –, des escapades de ma compagne chez des médecins en ville, de nos différents rythmes de vie qui me laissent du temps dans la maison également…
Ici, notre appartement est trop petit pour que la présence de ma compagne ne soit pas un poids, et ce poids n’est pas vraiment allégé par mes temps de présence à l’atelier, où il y a presque toujours quelqu’un d’autre, et où, quoi qu’il en soit, je ne me sens pas à l’aise comme chez moi. C’est dans la rue, le temps de m’y rendre et d’en revenir, ou lors de quelques escapades, que je suis le plus seul : c’est là qu’il m’est le plus facile de faire abstraction des autres, que je ne connais pas et desquels par conséquent je n’ai pas à interroger l’attente vis-à-vis de moi (le fond de mon problème sans doute). Mais il fait froid dans la rue, j’y marche vite, je ne m’y attarde pas… et, encore une fois, je ne m’y sens pas chez moi.
Le printemps arrivant tout doucement, peut-être pourrai-je prochainement y respirer un peu plus (j’y flâne déjà un peu, les jours où il ne gèle pas). Reste que ça ne suffira pas, et que j’ai grand hâte, sur la question, de retrouver mon refuge cévenol !
Je m’amuse parfois à me demander lequel je préfèrerais d’un monde où je serais absolument seul et d’un monde où au contraire toute solitude me serait refusée. Il est pourtant évident que ma crainte des autres est le corollaire au fait que je me sens avant tout vivant via leur regard. En témoigne ce besoin, semble-t-il impérieux, de donner à lire sur mon quotidien et mes cogitations…