Le métier – 13

16 juillet 2018

Est-ce parce qu’on part cet hiver que je prends bien les choses ? (Parce que ça me fait peur de quitter la ferme une demi-année pour expérimenter le froid canadien – et réexpérimenter la vie en ville – que j’apprécie plus fortement ce que je vais laisser ?)

Est-ce pour ça que je ne me formalise pas outre mesure du début de saison touristique particulièrement mou, du mildiou qui gagne les cultures, des vacanciers belges grognons qui n’ont pas anticipé la chaleur, de la joie idiote suscitée presque partout par la victoire de ma patrie lors de la grand-messe footballistique, de la dernière panne de téléphone qui nous complique le travail, des sangliers qui se moquent de la toute nouvelle clôture comme de leur premier bain de boue, des visiteurs qui s’assoient sur nos heures d’accueil, perturbant notre organisation au cordeau…?

Ou bien est-ce que je prends juste de la bouteille et que ma petite expérience des problèmes surmontés m’enjoint à ne pas me rendre malade, me signale qu’il n’y a pas péril en la demeure ?

Voilà qui serait une sacrée bonne nouvelle en vérité pour le soucieux certifié que je suis.