21 décembre 2018
Au party de Noël de l’atelier de dessinateurs où j’ai pris place, l’écologie est de toutes les discussions et j’en reste bouche bée. Je me doute qu’il n’en est pas de même dans tous les milieux socio-économiques et je ne sais pas dans quelle mesure le Québec pourrait être plus en avance que la France sur la question, mais je m’interroge. Bien sûr, l’atelier est surchauffé, comme tous les intérieurs du pays, et l’on trouve là des personnes qui pour leurs loisirs ou dans le cadre de leur travail, prennent l’avion bien plus que de raison écologique… Mais au moins sur cette question, entends-je poindre une prise de conscience que je trouve rafraîchissante, à défaut d’être suffisante, loin du grand fantasme vendu encore un peu partout sous couvert d’ouverture sur le monde.
Bien sûr le Canada n’est pas plus en avance sur la question écologique que les autres grandes puissances qui se shootent à la croissance. Des grosses bagnoles y sirotent l’essence bon marché et rare est, dans les magasins, ce qui n’est pas emballé dans du plastique. Mais, peu de temps après mon arrivée, j’ai pu me procurer une petite poubelle brune pour faire ramasser mes déchets compostables dans la rue. Et quand je questionnai quelqu’un lors du party sur l’existence de groupes activistes anti-pub auxquels je pourrais proposer mes forces vives et mes neurones actifs (ce que je m’étais promis de faire si je retournais vivre en ville), la demande ne parut pas comprise. Je m’avisai ensuite, en rentrant chez moi que la pub, ici, ne pourrissait pas la ville comme elle peut le faire en France par l’entremise des sucettes JC Decaux, principalement, qui ont envahi les rues de toutes les villes. Sans doute les panneaux d’affichage sont-ils ici plus présents dans les zones commerciales et sur les routes. Mais en son sein même, il me faut bien avouer que la grande ville a beaucoup pour plaire. Des beaux et bas immeubles en briques rouges et leurs escaliers en fer forgé aux rues larges laissant toute latitude de profiter des cieux bleus et des tempêtes de neige. Des nombreux arbres et arbustes aux ruelles d’arrière d’immeubles, non déneigées et rarement fréquentées, où le temps de faire dix mètres l’on peut se croire tout à fait ailleurs que dans une cité moderne, bruyante et fourmillante – ce que peuvent également s’imaginer les habitants des bâtiments dont le petit carré de pelouse jouxte la rue derrière une palissade en bois plus ou moins déglinguée… Aussi, sans doute, et parce que j’évite autant que faire se peut les grandes artères commerçantes et roulantes, me trouvé-je influencé, imaginant que s’épanouissent dans cet environnement sensiblement plus d’esprits ventilés aux idées alternatives et sensibles à la protection de la nature qu’ailleurs. C’est très probablement une illusion, mais qui sait ?