Ma vie d’élu – 13

14 décembre 2018

Le deuxième adjoint au maire, comme la première adjointe et une autre conseillère municipale, m’a écrit regretter mon départ. Au cours de deux ou trois échanges par courriel il en a profité pour faire état de ce qui selon lui dysfonctionnait dans la manière de faire du maire. J’ai ainsi découvert une vision critique qui rejoignait la mienne sur certains points, mais je ne restai pas sur le regret qu’un dialogue entre nous ne s’installe que trop tard sur ce point : trop de choses nous séparent sur d’autres, et si je suis à même de faire la part des choses entre certains penchants très droitiers de cet homme et sa volonté réelle de servir sa communauté du mieux qu’il le peut, je ne pense pas que j’aurais su travailler avec lui en toute sérénité.

Je le regrette assurément, mais ne désespère pas que certains y arrivent dans d’autres petites communes où, outre les divergences de points de vue sur des sujets particuliers, les colistiers n’ont même pas de vision sociétale partagée pour les réunir. Sans doute est-il possible de se satisfaire d’une défense commune des intérêts de la collectivité locale, mais il me semble malheureusement que ceux qui ont cette vision en ligne de mire ne s’aventurent guère à imaginer l’inscription de cette localité qu’ils chérissent dans un environnement social, économique et écologique plus vaste. Ce que, naturellement, j’ambitionnais pour ma part.

Ma vie d’élu – 7

17 novembre 2017

La démission récente d’une conseillère municipale (qui en appelle à des problèmes personnels comme justification) plonge le Conseil dans la perplexité en ce début de réunion. Moi je me demande à quel point cette perplexité est feinte. Personne ne se sent-il donc jamais inutile, impuissant, trop occupé par ailleurs pour bien faire son travail ? Personne ne déplore-t-il donc les difficultés de communication entre nous ? Personne ne rêve d’envoyer tout balader pour consacrer son esprit à des choses plus futiles, plus agréables, plus constructives ? Je tente de faire part à l’assemblée de ce en quoi la démarche de la démissionnaire peut être compréhensible et j’ai l’impression, comme souvent, de parler une langue étrangère, de m’adresser à un groupe de zombies, dans le cerveau en bouillie desquels mes mots n’ont aucune chance de trouver la moindre résonance.

Vient ensuite l’hommage appuyé au boulot de l’ex-conseillère par une personne qui a plutôt pour habitude de donner dans la critique acariâtre, et qui je le crains ne lui a rien dit de tout cela en face. Les compliments ou remerciements des uns et des autres que j’ai pu lire ou entendre depuis le début de ce mandat se comptent sans doute sur les doigts d’une main, et on se demande pourquoi certains démissionnent…

Ma vie d’élu – 3

26 avril 2017

À relire celle écrite et gardée pour moi l’an dernier, je constate que j’y disais déjà l’essentiel, avec les pincettes qui s’imposent et qui ne suffiront jamais. Inutile, donc, de réécrire aujourd’hui une lettre de démission au Conseil Municipal puisque je sais ne pas vouloir l’envoyer (et encore moins l’y lire). Pas de bâton pour me faire abattre, sans façon ! Mais il me faut bien pourtant accepter de continuer à vivre cette expérience avec abattement.