24 août 2018
C’est une question, celle de l’autarcie, qui m’arrive fréquemment aux oreilles en ces temps d’accueil à la ferme. Est-ce qu’ici l’on vit en autarcie ? Entendons : ce serait fascinant, excitant… voire inspirant ! Ah bon ?
Fascinant, ce fantasme usé qui n’attendait, pour se réinventer, que le déclin des services publics et de la qualité des produits, sur fond de libéralisme économique toujours plus destructeur ?
Excitante, cette idée d’extrême droite qu’on mâchouille parfois ad nauseam entre écolos-gauchos à la vue courte et permaculturo-gagas au jusqu’au-boutisme aussi conceptuel que déraisonnable ?
Inspirante ? Sans doute… Pour les survivalistes qui se préparent à l’apocalypse en héros individualistes à la sauce hollywoodienne bas de gamme !
Pour ma part, j’ai beau avoir peur de me frotter aux autres trop souvent, j’ai bien conscience de ce que je dois à ceux et celles, très nombreux-ses, qui ont participé à faire de moi ce que je suis et à faire que j’en suis où ça me plaît d’être ; j’ai beau constater le creusement des inégalités et la mainmise des lobbies privés sur la politique, j’ai envie de vivre dans la confiance. Aussi brocardé-je quand je le peux cette nostalgie mal éclairée d’une tradition paysanne perdue pas si reluisante. C’est, me semble-t-il, en partageant biens, services et connaissances avec nos voisins et les cousins lointains des voisins de nos copains que l’on tiendra éloigné le spectre du fascisme. Et, plutôt qu’en s’acharnant (en vain) à faire tout soi-même (plus ou moins bien), c’est en appréciant le bon pain du bon boulanger et en soutenant le paysan qui offre à ses vaches de bien beaux prés qu’on se donne en partie les moyens collectivement de réinjecter de l’espoir en l’avenir…