Moi, citoyen – 4

2 mai 2017

Sans croyances, dur de faire des choix, et sans choix on n’avance pas.

Avancer fait évoluer, et évoluer provoque la remise en cause de croyances.

D’autres les remplacent, ainsi va la vie. Qui ne l’a compris et accepté est un zombie.

Gare aux morsures !

Jeune vieux – 3

30 avril 2017

Me trouver déçu, en me relisant dix ans plus tard, de juger mon moi d’avant plutôt bon rédacteur et commentateur pertinent. Il me faudrait donc forcément évoluer ? Gagner à tout prix en savoir, en savoir-faire et en savoir-paraître ? Même quand les capacités détenues en la matière semblent suffisantes à la bonne marche de ses activités ? N’est-ce pas dès lors ambigu de placer ici sa volonté plutôt que sur le savoir-vivre, le savoir-être, le savoir-aimer, qui nous permettent de vivre en bonne intelligence avec les autres et devraient nous suffire pour exister, tout simplement, et humblement ? Mais vieillir – donc décliner – sans évoluer par ailleurs, est-ce vraiment exister ?

Jeune vieux – 2

29 avril 2017

Il y a que physiquement, je me vois également vieillir, mais qu’en l’occurrence je m’en satisfais bien, considérant plutôt que j’accède ainsi à une maturité en la matière. Cet aboutissement sur lequel je n’ai pas prise ne me fait pas me sentir véritablement homme, mais il fait envisager au gamin que je subsiste l’idée de la paternité comme moins saugrenue – et effrayante – qu’auparavant.

Le corps et l’esprit – 1

29 avril 2017

Au « Tarot de l’intuition » des amis j’ai tiré, par jeu, une carte qui m’enjoint à faire taire ma rationalité pour ouvrir mon esprit aux signes susceptibles de me faire fréquenter les chemins les plus judicieux. Mais la sempiternelle opposition entre matérialisme et spiritualité – entretenue dans une certaine catégorie d’ouvrages – et son succès me préoccupent plus que ce que seraient, et feraient de moi, mes prétendus blocages de cartésien. Ma spiritualité est bien réelle, et elle est en paix avec le matérialisme. L’imagination mène la danse, avec pour premiers outils la créativité, les sentiments, la volonté, l’humour. Dès lors, tout usage en est permis pour voir la vie du côté constructif. Reste à composer avec le doute, revers de la médaille de l’imagination fertile en tant que possible frein à l’action, mais outil essentiel à son tour quand il s’agit d’ouvrir les yeux sur la complexité du monde pour mieux faire preuve d’humanité.

Avec les bêtes – 1

28 avril 2017

S’il faut appeler un chat un chat, comment désigne-t-on la sale bête qui rôde autour de la maison, et profite de la moindre brèche pour entrer bouffer tout ce qu’il peut trouver (jusqu’à une éponge), casser tout ce qu’il faut pour y accéder, finir vautré sur un lit comme s’il était chez lui, comme s’il avait déjà eu (et donc perdu) un chez-lui ?

Un pauvre malheureux.

Jeune vieux – 1

27 avril 2017

Je mets sur le compte de la fatigue ces fréquents épisodes où un mot m’échappe, où me semble inexprimable clairement une pensée un poil élaborée. Depuis quelque temps, j’ai le sentiment de ne plus progresser intellectuellement (et qu’à peine en terme de savoir-faire et de connaissances, mais ça c’est mon rythme propre qui l’impose). Je me sens vieillir, et la conscience que c’est un sentiment sans doute prématuré n’aide guère à mieux le vivre. Et la conscience que bien que prématuré, c’est sans doute un sentiment partagé par beaucoup à mon âge, paradoxalement, enfonce le clou. Mon sage intérieur exigera du repos et un recentrage sur l’essentiel, mais il se mesurera à la sourde oreille de l’anxieux en moi, incapable de ne pas se disperser entre les diverses auto-missions plus ou moins primordiales, futiles, maladives, utiles, agréables…

Ma vie d’élu – 3

26 avril 2017

À relire celle écrite et gardée pour moi l’an dernier, je constate que j’y disais déjà l’essentiel, avec les pincettes qui s’imposent et qui ne suffiront jamais. Inutile, donc, de réécrire aujourd’hui une lettre de démission au Conseil Municipal puisque je sais ne pas vouloir l’envoyer (et encore moins l’y lire). Pas de bâton pour me faire abattre, sans façon ! Mais il me faut bien pourtant accepter de continuer à vivre cette expérience avec abattement.

Motifs d’émotion – 1

24 avril 2017

Vivant en ville, oeuvrant à mon compte, j’étais entre autres une addition d’addictions (aux fictions en images, principalement) et de frustrations (sexuelle et sociale en premier lieu). Je ne travaillais en fin de compte pas beaucoup. Ici certaines addictions subsistent (les histoires restent un doudou) mais le travail et la vie en couple m’empêchent de m’y perdre. Ici les frustrations ont changé de nature, a priori moins dommageables, loin des exubérances – au fond bien conformistes et ressemblantes – de la vie sociale urbaine. Caché, et occupé, et aimé, il me faut être a minima pour que se dessine l’équilibre subtil qui fait mon existence la moins intranquille possible. Là, l’équilibre s’esquisse seulement peut-être, tandis que je dessine bien peu, que je crée comme un voleur…

Moi, citoyen – 3

23 avril 2017

En participant, lors des primaires du parti à la rose à porter un frondeur en tête, je pensais en terme de meilleure représentation des idées – notamment écologistes – malgré le probable dispersement d’un certain électorat. En fin de campagne et à 37 ans, mieux vaut tard, je comprends mon erreur. L’écologie et les alternatives ne sont pas quelque chose sur quoi il est jugé bon d’interroger des candidats à la présidentielle à heure de grande écoute. A contrario, ce qui a porté haut le candidat insoumis, sont, pour partie, toutes ces idées nées de la société civile et associative dont certains médias nationaux se font heureusement de plus en plus l’écho le reste du temps. Aussi ces élections Vème République, leur quête infantile de figure providentielle et leur couverture médiatique ad hoc, sont-elles bel et bien réactionnaires, protectionnistes envers un ordre obsolète qui perdure mécaniquement quand le monde change de peau.

En nature – 3

21 avril 2017

Il a fallu réagir pour ne pas faire que subir cette journée où stress et douleur physique me coupaient les ailes. Une sieste puis une balade. Pas loin, mais dans des coins encore inexplorés : sublimes levades moussues, pousses de fragon à récolter, traces du passage des sangliers, ripisylve et peuplier hors d’âge qui m’accueille en vieux sage… Je reviendrai, et rôderai également par là-bas, et à côté, autour, derrière, en dessous… Que ne le fais-je donc plus souvent ? Cette richesse à portée de mes sauts de cabri, ne serait-ce que confiture à un cochon ?

En nature – 2

21 avril 2017

L’espace d’un instant, choisir de ne pas forcément le subir, s’y mettre à l’écoute et se surprendre à l’apprécier, mon rhume des foins, quand l’éternuement fait mine de se présenter, et recule, et s’annonce de nouveau, pour mieux renoncer, avant de… Non. L’occasion d’une pause, et la bulle de ma concentration qui m’entoure, de se dégonfler. Et la nature environnante (sauvage ou cultivée) de m’accueillir en son sein. On fait corps, et je ne peux que constater que ça arrive trop rarement.

En nature – 1

19 avril 2017

Je reste assez longtemps, pour la première fois, proche de l’étron que je viens de poser dans le bois. Assez longtemps pour y voir le nombre inimaginable de mouches de toutes sortes qui s’y bousculent. Cette vie grouillante et enthousiaste, cette vie qui se nourrit du déchet de mon corps, et plus généralement du déchet que la société humaine s’échine à cacher, refouler, refuser de considérer comme potentiellement utile justement… Cette vie m’inspire et m’émeut.

Moi, citoyen – 2

19 avril 2017

Il faudrait donc appeler cela de la communication ? Toutes ces réponses à côté de la plaque, tous ces bottages en touche. Il faudrait donc se satisfaire de ces échanges d’informations biaisés, fuyants, évasifs, partiaux ? Au moins, quand j’écris (à mon sous-préfet, mon Conseil Municipal, la MSA*, la correspondante pour les élus chez Orange, le cinéma, tel fournisseur de matériel espagnol, tel membre de tel groupe, association, collectif…) pour bien choisir mes mots, faire le tour de ma pensée… Au moins quand j’écris, et que je n’ai pas de réponse, tout n’est-il pas plus clair ? Le mépris, la lâcheté, la peur, l’abus de pouvoir, l’absence d’empathie, le classement de mon cas au bas d’une échelle toute subjective, le respect aveugle du protocole que ça révèle n’en sont pas moins difficiles à avaler, mais on aurait presque envie de remercier pour la franchise du geste.