Moi, citoyen – 14

23 avril 2018

Quand il me semble voir la droite s’exprimer chez certains écolos qui se disent de gauche…

Individualisme par la focalisation sur l’idée d’autarcie, de vivre sans dépendre de personne d’autre (et au besoin, d’accumuler les outils pour satisfaire cela) ; par l’engagement auprès d’idées plus vertes seulement après avoir fait des enfants ; par le désengagement de la chose politique par défiance envers tout pouvoir qui corrompt, tout en abusant soi-même de pouvoirs, en laissant faire cela autour de soi ; par l’exhortation envers certains à (bien vouloir) se prendre en main pour pouvoir s’échapper du système ; par la fascination pour qui sait ou qui a su dépasser ses limites, sans savoir s’il a pour cela respecté les besoins et limites des autres.

Reconnaissance du travail – et de son caractère idéologique – comme valeur, et comme principal moyen de se faire une idée sur quelqu’un, mais meilleur moyen en vérité de ne pas se donner la peine d’en apprendre véritablement sur la personne.

Religiosité par la sacralisation de la Vie, comme un nouveau culte (et Pierre Rabhi comme un nouveau pape) ; par le refuge dans l’une ou l’autre spiritualité ou croyance alternative quand la science ne résout pas tout et que son usage par une catégorie de personnes fait peur, quand la norme est porteuse de tant de dysfonctionnements plus ou moins dévastateurs.

Libéralisme par le vœu de liberté sans borne pour tous les animaux, plutôt que socialisme par les soins qui vont avec l’élevage.

Obsession du local (contre ce qui n’est pas « de pays ») qui, quoique bien intentionnée, séduit aussi les chauvins. Ils profiteront de ce parti-pris pour mieux cracher sur le bio, au prétexte qu’il vient parfois de loin.

… Qu’est-ce que tout ça raconte ?

Que rien n’est jamais bien tranché et qu’il ne faut sans doute pas se rêver trop purs… (que la pureté a peut-être quelque chose d’une idée de droite d’ailleurs) ?

Mais qu’il est bon également de croire en sa marge de progrès… (et que croire également en celle des autres – amis comme ennemis – est peut-être bien une idée de gauche à se permettre) ?

J’essaie d’être lucide sur la droite en moi, sur ce qu’il y a à changer et ce qu’il me faut accepter aussi comme traits de caractère. Aussi fais-je le petit effort désormais de considérer mes allers-retours entre repli sur soi et générosité comme une respiration nécessaire ; l’individualisme (pour ne pas dire égoïsme) et l’altruisme comme deux faces d’une même pièce ; le respect du premier, par périodes, comme nécessaire condition de réalisation du second sur le temps long ; l’écoute de ce rythme personnel, au fond, comme une chance de pérennisation de mon instinct de vie.

Moi, citoyen – 13

27 janvier 2018

Ce dont on ne se prive pas en vacances : le poisson frais et la bière artisanale, ce serait dommage de passer à côté ; l’envie de mascara soudaine de ma compagne, une fantaisie ; quelques coups à boire au troquet du coin et quelques crêpes au resto à l’angle ; des folies en friperies haut de gamme… La note est vite salée, j’aurais pu m’en douter.

En fait je mets des chiffres sur ce que je ne faisais que pressentir, relativement à ce que notre mode de consommation habituel nous coûte plutôt peu. J’ai presque envie de me mettre à fumer pour l’occasion afin que le tableau soit complet. Mais sans aller jusque-là, et sans caricaturer, n’est-il pas temps d’opposer aux sempiternels « le bio c’est cher » quelques nuances salvatrices quant au pouvoir des légumineuses et de l’imagination ? N’est-il pas temps de voir en face que se faire du bien sans se ruiner c’est d’abord une question d’éducation et de culture ? Qu’est-ce qu’elle en dit notre Éducation, celle qu’on dit Nationale ? Et la Culture, celle du ministère dédié, qu’est-ce qu’elle en dit ? Sans doute qu’elle a des chats plus nobles à fouetter et surtout rien à prêcher…

Alors les marchands récupèrent le sujet, et prêchent, eux, sans se gêner, mais toujours pour leur paroisse, et avec toute la malhonnêteté créative dont ils ont le secret.

Moi, citoyen – 12

12 janvier 2018

En vacances dans une bourgade bretonne. Ça me dépayse. Heureusement, ce n’est jamais complètement la ville quand il y a la mer, et des marées qui transforment le paysage.

En zone urbaine, une question se pose vite : que faire de ses déchets organiques ? Et, si d’ordinaire il faut bien s’adapter aux lieux que l’on fréquente, je ne peux décemment pas me résoudre à jeter à la poubelle les trois quarts de mes déchets (environ le ratio de choses compostables qu’on y trouve), parce que les humains sont assez irresponsables pour ne pas avoir encore généralisé la pratique du compostage collectif des déchets ménagers.

Alors il faut se mettre en quête d’un coin de verdure, d’un petit buisson sous lequel planquer tout ça pour n’effaroucher personne. Pas une raison plus bête qu’une autre d’arpenter la cité, d’autant que la recherche n’est pas désespérée : le béton n’a pas tout recouvert, on peut encore nourrir des vers de terre (et insectes, et micro-organismes, et champignons…)

Moi, citoyen – 11

12 novembre 2017

Il ne s’agirait pas, sous prétexte de promouvoir ce mode de production et de consommation, de ne pas se permettre de rire un peu ou de se désoler des comportements de certains dans le milieu de l’agriculture bio, et surtout, pour ce qui nous préoccupe ici, de la consommation de produits bio. Il arrive toujours quelque chose (« c’est terrible c’qui t’arrive ! » – La Belle Verte, Coline Serreau, 1996) aux gens qui se focalisent sur leur santé jusqu’à la névrose, et qui viennent parfois manger à mon stand. Ils sont attirés par le contenu végétal des produits (santé !), et se retrouvent atterrés par la présence d’un petit peu de noir (enfer !) sur une galette grillée. Leur déception n’a d’égale que l’exigence qu’ils mettent à manger parfaitement sain (selon les diktats en vigueur, qui changeront demain), et la réaction prend parfois des allures de mini-drame qui, selon les circonstances et l’humeur, suscitent chez moi ironie, colère ou abattement.

Le bien-être (bien manger, bien dormir, bien se soigner) les obsède, mais ils sabotent le leur avec des exigences qui ne peuvent que les frustrer in fine. Ils peuvent faire du yoga, travailler la souplesse de leur corps, mais leur esprit échappe à ces efforts et rien ne semble pouvoir leur faire comprendre qu’on ne trouve jamais auprès des autres ce qu’on construit pour soi-même (un mode de vie, des habitudes, des exigences liées à notre parcours, notre éducation, nos recherches) et qu’aucun bien-être n’est possible sans reconnaître l’existence de cette altérité, et en corollaire, sa capacité à nous faire évoluer.

Par ailleurs, cette quête même du bien-être me semble en soi problématique dans tout ce qu’elle comporte d’absolu et d’ambigu (quid du monde qui nous entoure ?), et je lui privilégierais la notion de paix, que l’on peut aussi bien invoquer pour soi-même que pour le monde, et qui, soit dit en passant, n’empêche pas les confrontations, évidemment nécessaires tant que tout le monde n’aura pas également la paix en ligne de mire et le respect en postulat de conduite.

À ce titre, ceux qui consomment du bio pour promouvoir une agriculture respectueuse de la biodiversité sous toutes ses formes plus que pour leur santé (le public militant des foires bio, qui est néanmoins parfois le même que le premier évoqué), bien que moins fermés sur eux-mêmes en apparence, possèdent fréquemment dans le registre qui les concerne les travers de l’opinion trop sûre et de la contestation fière. Prisonnier de mon stand, il n’est pas rare que j’aie à subir l’une ou l’autre de ces saillies pour convaincus dont certains ont le secret, et qui – en plus d’effaroucher les gens qui, tout engagés à réfléchir qu’ils puissent être, ne dévouent pas leur vie à la contestation – m’ennuient profondément. Aussi mon visiteur favori est-il le curieux, sensible à la bio, forcément, mais qui n’y connaît pas grand chose, et vient avant tout avec sa curiosité en bandoulière, ouvert.

Note : celui-ci est malheureusement de fait à même de tomber dans l’escarcelle des vendeurs de produits de bien-être – plus ou moins onéreux (mais plutôt plus que moins), plus ou moins écolos, et surfant plus ou moins sur les peurs – que l’on trouve de plus en plus souvent associés à la bio dans ce genre de salon. Qu’il passe également par mon stand, discute un poil en dégustant le plat original qu’il découvre, et peut-être qu’une graine de réflexion sociétale mise à germer dans son esprit alors saura y trouver le terreau pour s’épanouir. Mais ça, il me faut bien accepter de ne pas en être certain, et de vivre avec ce doute, comme je doute que j’agis avec justesse au quotidien, relativement à mes limites et contraintes.

Moi, citoyen – 10

30 octobre 2017

Petite crête rose sur la tête, il est sympathique le jeune employé branché de cette grosse boîte de fourniture d’énergie. Et il connaît son sujet !

S’ils n’ont pas proposé plus tôt d’abonnement d’électricité provenant des énergies renouvelables c’est que les consommateurs n’étaient pas prêts ! Mais promis, avant même que la SCOP Enercoop existe, ils y pensaient et y œuvraient dans l’ombre ! Et maintenant, puis-je faire autrement que de constater (sur ce site comparatif adoubé par l’État n’est-ce pas…) qu’ils sont les moins chers du marché ?

Ah mais oui, ah mais ça alors, mais suis-je donc idiot de soutenir les défricheurs qui n’ont même pas pensé à le faire pour le profit et ont naïvement ouvert la porte à tous les autres ? Ces autres qui surfent désormais à coup de com’ brillantissime sur la vague écolo maintenant qu’elle représente une part de marché qu’il serait parfaitement imbécile d’ignorer… Ah mais cher ami, heureusement que vous êtes venu (et quelle bravoure d’avoir affronté tous ces virages, quel sens du devoir !). Un peu plus et je continuais à dépenser bêtement plus que nécessaire… Si, si, vraiment, vous avez raison, un sou est un sou, et il est toujours mieux chez moi que je-ne-sais-où. À quoi bon – soyons sérieux – flamber son argent en soutien à ce qu’on croit juste, puisqu’on peut compter sur de grandes entreprises philanthropes comme la vôtre pour mettre en pratique les belles idées qui nous mitonnent un monde plus vert, plus équitable, et moins cher ! Ah mais vous resterez bien manger ? Je vous fais un prix…

(Plus tard, les Témoins de Jéhovah devront se heurter au dur constat que j’ai déjà épousé une autre utopie que la leur. Jusqu’au fond des bois, sévère concurrence dans le porte-à-porte !)

Moi, citoyen – 9

22 septembre 2017

Fortes du score élevé aux élections présidentielles du leader insoumis, quelques personnes ont créé un groupe local sous cette bannière, qu’elles jugent sans doute à même de réunir au-delà du cercle des habituels militants locaux (ce que je crois difficilement possible autrement que pour des causes ciblées, sporadiquement, et ceci pour les raisons évoquées récemment) ou tout du moins de leur garantir une audience plus attentive (ce qui est probable). La bannière de l’insoumission agit pour ma part en repoussoir, comme toute chose trop ouvertement manichéenne, qui catégorise et qui divise, non sans un certain mépris : s’il y a matière à tirer prestige de l’insoumission, comment juge-t-on les soumis ? Et à se focaliser sur la prétendue soumission, n’en oublie-t-on pas de se préoccuper des mécanismes de domination des uns sur les autres ? – sujet autrement plus pertinent, dans le respect des parcours et des situations de vie de chacun.

Moi, citoyen – 8

21 septembre 2017

Le militant est, pour le commun des mortels, un repoussoir. Il est dans la posture, il caricature, il critique sans proposer, il culpabilise son prochain. On ne veut pas l’écouter, encore moins lui ressembler. La cause qu’il défend peut sembler bonne, on la prendra en grippe parce qu’il nous gonfle. De l’avis de tous les bien-pensants le militant se tire une balle dans le pied. Certains, qui partagent ses indignations et ses conclusions politiques, qui pourraient l’aider à faire avancer la cause, s’en tiennent à distance (ou finissent par le faire après une période de contact) faute d’adhérer à sa manière de concevoir la communication et l’action, la militance au fond. N’empêche, le militant fait du bruit, provoque le débat, oblige le politique à se saisir de certains sujets qu’il aurait préféré laisser sous le tapis. Le militant se confronte, avec mauvaise foi, en occultant tout ce qui pourrait atténuer son propos, à une autre mauvaise foi, qui a pignon sur rue et sert généralement des intérêts bien établis. Si le militant met ostensiblement les pieds dans le plat, c’est parce qu’il sait que, sur le terrain de la communication, il ne joue pas avec les mêmes armes que ceux qu’il combat ; il sait que le statu quo est la règle, et que pour s’attaquer à la règle il faut faire du bruit.

J’en connais un peu des militants, plutôt gauchos, principalement écolos. (De loin, je dois en être un, de par mon activité de paysan adhérent à Nature et Progrès, ou l’avoir été à l’époque où j’envoyais des courriels collectifs d’opinion, où je postais sur un blog une BD au contenu partisan, où je m’étais investi un petit moment dans le collectif anti gaz de schiste du coin. De près, si je milite, c’est en dilettante, franchement investi nulle part.) Si je reconnais la légitimité de la manière de faire de ceux-ci, je suis de ceux à qui elle ne convient pas vraiment parce qu’elle demande à être obsessionnel, et qu’une obsession – au service de quelque cause légitime cela puisse être – pousse gentiment à la névrose. Attaché aux nuances, je tiens pour ma part à m’éviter cette névrose-là (finir par croire que les choses sont aussi tranchées qu’on le dit) puisque j’en perçois le risque et que je sais que d’autres névroses me guettent, me gagnent ou me possèdent déjà. J’aimerais croire qu’existe une militance plus souterraine, car personnelle, inscrite dans les actes et les expressions de tous les jours, dans la construction, et dans la création, et au sein de laquelle je pourrais m’épanouir pour faire ma part, qu’elle soit complémentaire de l’autre manière de faire. Mais si choisir d’y croire ne mange pas de pain, j’ai bien peur qu’elle ne m’engage pas, moi – ou quiconque pense comme moi -, à me donner beaucoup de moyens pour peser sur le cours des choses ; et qu’il est pourtant urgent, de tout évidence que l’on s’engage un peu plus ouvertement contre… (ce que vous voudrez – les choix ne manquent pas, dans la limite du respect des humains, des bêtes, des grands équilibres naturels, et histoire de s’éviter un coupable prêt-à-haïr, forcément un poil à côté de la plaque).

Moi, citoyen – 7

21 juin 2017

Trop de vendeurs de plein (vivons vite, faisons beaucoup, consommons, naturellement) ont ouvert la voie aux vendeurs de vide (méditons, agissons spirituellement, et passons à la caisse). Trop d’abus de la part des marchands laisse à certains anti-marchands le loisir de vendre, eux, de la posture idéologique en place de réflexions et d’actions collectives forcément bancales, jamais véritablement abouties, mais constructives, loin de toute poudre aux yeux ; en place du jeu, non plus seulement comme fin, mais comme moyen de faire société en considérant les désirs comme des outils démontables et reconstructibles différemment, indéfiniment.

Moi, citoyen – 6

21 juin 2017

L’affaire semble entendue, il faudrait, pour être heureux, savoir écouter ses désirs (et leur obéir). Moi, je ne crois pas aux désirs, autrement que comme construction – plus ou moins consciente. Dès lors, avant d’envisager les écouter, il s’agirait d’y croire. Moi, je crois aux occasions avant tout, comme préalable au désir suscité, à l’envie qui naît, au besoin qui se crée, au projet qui prend forme, notions toutes également valables suivant le contexte, et que certains, cherchant le clivage, opposent pourtant. Moi je crois que l’attention portée aux occasions déplace la question du désir, replace celle de la richesse sous un éclairage moins futile, nous rend créatifs et ainsi sans doute plus attentifs à nous-mêmes fabriquer de l’occasion pour autrui. Mais c’est une forme de travail, et qui n’a de sens, qui n’est constructif, qui voit loin, que s’il implique les autres. L’affaire est entendue, pour la recette toute faite, une fois de plus, on repassera.

Moi, citoyen – 4

2 mai 2017

Sans croyances, dur de faire des choix, et sans choix on n’avance pas.

Avancer fait évoluer, et évoluer provoque la remise en cause de croyances.

D’autres les remplacent, ainsi va la vie. Qui ne l’a compris et accepté est un zombie.

Gare aux morsures !

Moi, citoyen – 3

23 avril 2017

En participant, lors des primaires du parti à la rose à porter un frondeur en tête, je pensais en terme de meilleure représentation des idées – notamment écologistes – malgré le probable dispersement d’un certain électorat. En fin de campagne et à 37 ans, mieux vaut tard, je comprends mon erreur. L’écologie et les alternatives ne sont pas quelque chose sur quoi il est jugé bon d’interroger des candidats à la présidentielle à heure de grande écoute. A contrario, ce qui a porté haut le candidat insoumis, sont, pour partie, toutes ces idées nées de la société civile et associative dont certains médias nationaux se font heureusement de plus en plus l’écho le reste du temps. Aussi ces élections Vème République, leur quête infantile de figure providentielle et leur couverture médiatique ad hoc, sont-elles bel et bien réactionnaires, protectionnistes envers un ordre obsolète qui perdure mécaniquement quand le monde change de peau.

Moi, citoyen – 2

19 avril 2017

Il faudrait donc appeler cela de la communication ? Toutes ces réponses à côté de la plaque, tous ces bottages en touche. Il faudrait donc se satisfaire de ces échanges d’informations biaisés, fuyants, évasifs, partiaux ? Au moins, quand j’écris (à mon sous-préfet, mon Conseil Municipal, la MSA*, la correspondante pour les élus chez Orange, le cinéma, tel fournisseur de matériel espagnol, tel membre de tel groupe, association, collectif…) pour bien choisir mes mots, faire le tour de ma pensée… Au moins quand j’écris, et que je n’ai pas de réponse, tout n’est-il pas plus clair ? Le mépris, la lâcheté, la peur, l’abus de pouvoir, l’absence d’empathie, le classement de mon cas au bas d’une échelle toute subjective, le respect aveugle du protocole que ça révèle n’en sont pas moins difficiles à avaler, mais on aurait presque envie de remercier pour la franchise du geste.

Moi, citoyen – 1

11 avril 2017

Je suis sans doute de la première génération de ceux qui ne savent plus forcément quelle sorte de commerce chercher (Droguerie ? Quincaillerie ? Si tant est qu’il en existe encore) quand ils ne veulent qu’une poignée d’éponges, et pas se fader la queue aux caisses du supermarché.