La pluie, le beau temps – 3

22 juin 2018

L’été, cette année, prend acte du calendrier qui dans les textes le fait débuter au solstice et il distille sa chaleur plus tard que d’habitude. Alors que je cours en tous sens, poussé à galoper par l’imminence de l’ouverture du camping et d’une table d’hôte quasi quotidienne, et les multiples détails à régler pour cela, et le jardin qui demande grande attention, il me faut également penser à m’adapter à cette chaleur en adoptant en express le rythme quotidien qui permet de survivre au climat méditerranéen estival : les premières siestes sont bienvenues quand la cagne nous pousse à nous cacher derrière les volets, mais je dois reconnaître qu’avancer soudainement le lever de presque deux heures, pour accumuler la fraîcheur de potron-minet, est de prime abord une petite épreuve pour le couche-tard que je suis (et que je contrarie moins en hiver). Un jour – ou un soir -, il me faudra sans doute me pencher sur les raisons qui font que j’ai le sentiment de ne jamais avoir assez fait de mes journées, qui me font les étirer le plus tard possible.

La pluie, le beau temps – 2

1er mars 2018

Ah qu’il est doux de voir tomber la neige, quand elle ne rime pas avec tracas. Bien rentré de ma virée commerçante, poussé sur les routes pour rien d’autre dans l’immédiat, je peux à loisir savourer le spectacle… Avant que ne me rattrape l’urgence de déblayer le dessus des deux serres – à trois reprises en 24 heures, jusqu’au cœur de la nuit – d’un poids qui pourrait vite s’avérer hasardeux.

C’est un abri pour les ânes des randonneurs d’été qui aura finalement fait les frais de l’épaisse couche de neige fraîche en s’écroulant sur lui-même. Je l’ai vu venir, impuissant à le libérer du lourd manteau blanc qui fragilisait l’édifice de conception maison, et y interdisait de fait toute tentative raisonnable de déneigement.

Une construction tombe, un agneau se dresse. Entre gel sévère – la nuit d’avant – et flocons par milliers, une brebis a comme bien souvent choisi des conditions climatiques extrêmes pour mettre bas (elles aiment aussi la pluie battante). Y a-t-il instinct, pulsion, intention ? Quoi qu’il en soit, le pitchou, s’il survit à ça, c’est un fait, part du bon pied.

La pluie, le beau temps – 1

18 septembre 2017

Tous les abrutis conformistes du monde peuvent bien parler de « beau temps » quand le soleil assèche les champs, les rivières, les réserves souterraines au fil des mois sans précipitations dignes de ce nom… Moi, à mon arrivée dans le Jura pour les vacances, je souris à la pluie. C’est peu dire – et pas le moins du monde par esprit de contradiction – que je l’apprécie. Véritablement, et malgré les températures plus qu’automnales, je me sens guérir d’un coup des quatre mois d’aridité qui, me semblait-il à mon départ, commençaient à figer le paysage en un tableau lugubre bien que tout en lumières, dur, désobligeant, presque hostile. Voire angoissant.