25 mai 2019
Loin de la ferme, je me suis senti rester paysan. À la retrouver, je ne sais plus trop bien ce que je suis. En ville je continuais à me penser paysan alors que je devenais autre chose. J’ai retrouvé ma ferme un peu en citadin finalement, et en paysan un peu largué.
En ville, je me suis reposé sur une certaine simplicité de l’existence, mais cette vie molle m’a usé. À la ferme, je retrouve la vie relativement dure sur laquelle j’ai fondé mon équilibre. Mais j’ai désappris cette vie et c’est un choc que de retrouver la complexité de l’imbrication, de l’interdépendance des choses, des tâches et des êtres ; et la fragilité des équilibres créés.
Tous les problèmes qui surviennent et sont réglés plus ou moins au fur et à mesure habituellement m’attendaient en file indienne, sagement mais fermement revendicatifs. Mutiques ou presque, l’internet, le téléphone et la voiture donnèrent à constater leurs pannes respectives, la panne de l’un ne facilitant pas la résolution de celle des autres, et la globalité de l’affaire ne me mettant guère en condition de me montrer confiant pour la reprise. Ajoutons à cela quelques tâches négligées ou bâclées par les gardiens du lieu et ma phobie sans nom pour les démarches administratives consubstantielles au retour et à la nécessaire réaffiliation agricole… La coupe était pleine, qui me promit de l’anxiété pour un bon moment.