En culture – 2

28 décembre 2018

Les séries sont à la mode, n’ont paraît-il jamais été d’aussi grande qualité. Moi, j’ai du mal à croire qu’autant d’heures passées avec les mêmes êtres fictifs puissent ne pas laisser un certain vide intérieur chez le spectateur, et puissent nourrir autant que la même durée – ou certainement une bien moindre – passée à naviguer entre différentes œuvres, avec différents artistes. J’ai du mal à croire que les postulats quasi incontournables de suspense et de nombreux personnages pour un récit dévoilé au compte-gouttes ne biaisent pas de facto la capacité à juger de ces productions en les plaçant dans la catégorie des objets addictifs… Comme le glutamate monosidique rend difficile toute tentative d’apprécier la qualité d’un plat qui en contient.

Une règle que cependant moult exceptions doivent confirmer, et à l’heure où j’ai plus de temps à consacrer aux loisirs et un accès à internet plus aisé que dans mon trou cévenol, j’ai retiré, je dois avouer, grande satisfaction à me faire la série documentaire radiophonique du Journal Breton de l’émission Les Pieds Sur Terre, sur France Culture. En vingt-deux épisodes d’une demi-heure, pour deux saisons d’une incursion dans la ruralité bretonne, et plus précisément, pour majorité, dans l’univers agro-industriel, la journaliste Inès Léraud expose avec un sens du récit et de la synthèse exemplaires les grands travers de la vision productiviste de l’agriculture moderne qui fait les beaux jours de certaines puissances économiques du milieu. Et le grand malheur de la majorité des citoyens vulnérables aux pollutions et à la malbouffe. Et l’infini désespoir des agriculteurs largués qui ne peuvent pas mordre la main de leurs maîtres (coopératives puissantes, syndicat agricole majoritaire) inféodés aux lobbies, et qui de fait, puisqu’il leur faut tout de même exprimer leur colère, attaquent principalement qui interroge leur mode de production…

Ainsi voilà une petite somme à même de répondre aux interrogations majeures de bien des gens sur la question de la crise du modèle agricole dominant. Je ne peux que souhaiter son introduction dans le plus grand nombre de conduits auditifs possible.

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.