Ma vie d’élu – 11

13 novembre 2018

La lettre fut maturée pendant des mois… Et je l’envoyai quand mon départ se fit imminent – au maire, avec ma démission, puis aux conseillers quelques jours plus tard.

Bonjour à tous.

 Après mûre réflexion, je viens d’envoyer ma démission du conseil municipal [au maire].

 Le temps qui manque est une des raisons qui me font quitter le conseil. Et si ce n’est pas toujours le temps matériel, c’est tout au moins la disponibilité d’esprit. Je n’ai jamais pu me faire à l’idée de n’être investi qu’à moitié (ou beaucoup moins). Je ne veux plus m’y résigner.

 Ce peu d’investissement est dû aussi à ce que ma grande appréhension des rapports humains m’a rendu difficile le contact avec vous tous dans des réunions souvent surchargées, parfois cacophoniques.

Mais les principaux motifs de cette décision concernent ma vie privée.

 Je m’absente par ailleurs au Québec avec [mon épouse] de mi-novembre à avril pour des raisons familiales et personnelles et je trouve que ce ne serait pas honnête vis-à-vis des électeurs d’être absent de mon poste aussi longtemps (et cela d’autant que j’ai déjà raté trois conseils municipaux consécutifs cette année). Et d’autant plus, qu’à mon retour, j’aurai beaucoup de travail à rattraper sur ma ferme.

 Néanmoins, je signale sans rancune que comme personne ne s’est inquiété de mon absence à la réunion de juin alors que je n’avais pas donné signe de vie (pour rappel, je n’ai pas reçu la convocation), j’en ai tout naturellement déduit, en cohérence avec ce que j’écrivais plus haut, que je ne manquais à personne, que mon absence était « naturelle »…

 Je vous souhaite bon courage pour la suite et félicite chacun pour son travail passé et celui à venir. Je regrette pour ma part la trop grande hiérarchie et le manque d’écoute qui règnent dans l’organisation et les échanges au conseil, les réunions trop chargées, les ordres du jour laconiques et non documentés, mes nombreux messages restés sans réponse… Mais je conviens que je n’ai rien fait (ou que peu) pour faire entendre mon point de vue sur ces questions. Je n’ai donc rien à vous reprocher. Cela alimente juste le constat que ma place n’est pas là.

 Par contre je ne regrette pas l’expérience, ni de vous avoir (un tout petit peu) mieux connus.

 Je me permets de transmettre la charge des relations avec Orange (fossoyeur de notre réseau téléphonique, si on laisse faire les choses) [au deuxième adjoint], qui a déjà traité plusieurs dossiers sur la question avec moi. […] Quant au sujet des télécommunications, internet compris, il me semble être des plus cruciaux qui soient (plus même que les routes, qui elles sont déjà là et en bon état général) et je fais le souhait qu’il reste dans les priorités de votre équipe.

Pour ma part, je continuerai, dès mon retour du Québec, à être membre du Collectif Téléphone Internet [local] qui fait un travail nécessaire, et je ferai volontiers le lien avec le conseil municipal (par ailleurs, je reste à votre disposition en cas de question sur le sujet ou d’un quelconque besoin d’aide : selon moi, une politique municipale digne de ce nom devrait pouvoir impliquer ses citoyens, selon leur temps disponible et leurs capacités). […]

 Avec mon départ, je laisse aussi une place à prendre au sein de la commission Ruralité-Agriculture de l’Agglo. J’espère que l’un-e d’entre vous s’en saisira car il me semble que c’est encore l’un des endroits où l’on peut trouver certains leviers d’action…

 […]

 Je vous souhaite à tous une fin de mandat la plus intéressante et constructive possible.

 

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.