Mes rouages – 2

28 octobre 2018

Handicapé par ma hantise du regard d’autrui, je ne sais guère me donner les moyens de construire. Je ne veux pas déranger, mais cherche tout de même à séduire quand je m’enhardis un peu. Je tente timidement de mettre en avant idées, informations et talent, idées et informations avec talent…

Mal à l’aise de me mettre en lumière, il m’est de prime importance qu’on croie la chose involontaire ou désintéressée, et de fait, par ce biais, j’en viens probablement à échouer régulièrement à me faire remarquer.

Sans doute, je supporte la situation parce que je suis exposé aux gens dans mon activité de paysan-accueillant, qu’une importante reconnaissance se fait là, sur la base d’attractivité de la ferme, construction de mes parents. Et sans doute, je tolère ce bénéfice, qui est le résultat d’un malentendu heureusement partiel (tout de même, moi aussi je construis un peu, je fais évoluer l’affaire), parce que j’entretiens à côté de cela mon objectif de séduction au long cours qui, ne produisant qu’un résultat confidentiel (rares retours sur mon expression), me conforte néanmoins dans la démarche, et qui plus est, petit à petit, semble esquisser une œuvre, soit tout de même une construction.

Le temps est mon allié, et à mesure que je m’enracine, je gagne en confiance. Tout semble cependant toujours à la merci d’un bouleversement, puisque cela repose au quotidien sur l’amour de ma compagne, terreau premier à quelque estime de soi éminemment nécessaire à mes modestes et folles ambitions de créature terrestre à peu près sociable.

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.