28 octobre 2018
Handicapé par ma hantise du regard d’autrui, je ne sais guère me donner les moyens de construire. Je ne veux pas déranger, mais cherche tout de même à séduire quand je m’enhardis un peu. Je tente timidement de mettre en avant idées, informations et talent, idées et informations avec talent…
Mal à l’aise de me mettre en lumière, il m’est de prime importance qu’on croie la chose involontaire ou désintéressée, et de fait, par ce biais, j’en viens probablement à échouer régulièrement à me faire remarquer.
Sans doute, je supporte la situation parce que je suis exposé aux gens dans mon activité de paysan-accueillant, qu’une importante reconnaissance se fait là, sur la base d’attractivité de la ferme, construction de mes parents. Et sans doute, je tolère ce bénéfice, qui est le résultat d’un malentendu heureusement partiel (tout de même, moi aussi je construis un peu, je fais évoluer l’affaire), parce que j’entretiens à côté de cela mon objectif de séduction au long cours qui, ne produisant qu’un résultat confidentiel (rares retours sur mon expression), me conforte néanmoins dans la démarche, et qui plus est, petit à petit, semble esquisser une œuvre, soit tout de même une construction.
Le temps est mon allié, et à mesure que je m’enracine, je gagne en confiance. Tout semble cependant toujours à la merci d’un bouleversement, puisque cela repose au quotidien sur l’amour de ma compagne, terreau premier à quelque estime de soi éminemment nécessaire à mes modestes et folles ambitions de créature terrestre à peu près sociable.