Le pays – 15

23 octobre 2018

En terme de champignons, le cévenol ne jure peu ou prou que par le cèpe. Tous les autres spécimens de bolets sont pour lui des bombacabres (ce qui n’est bon qu’à être dégommé par les chèvres). Le reste, à l’exception peut-être des girolles, n’existe pour ainsi dire pas. Autant dire que la concurrence est limitée quand, comme moi, l’on ramasse tout ce que l’on sait simplement comestible pour faire du pâté végétal (et qu’on n’a peu de cèpes autour de chez soi). Ce qui ne lassera pas de m’étonner, c’est le peu d’intérêt pour les lépiotes, que personnellement j’estime au plus haut point. Plus fines au palais que les cèpes et pas glutineuses, elles emportent le morceau haut la main, mais je me garde bien de vouloir en convaincre le plus grand nombre quand j’ai l’opportunité d’en cueillir par dizaines dans des coins pourtant fréquentés.

Notons tout de même avec une pointe de dépit que celles qui ont, selon les canons en vigueur, tout pour séduire quand on les croise – taille fine et grand chapeau élégant – s’avèrent décevantes finalement par le poids qu’elles ont à offrir une fois le pied fibreux enlevé (que pour ma part je sèche et réduis en une poudre fort parfumée pour mon pâté). Leur grande classe ne survit pas à la cuisson, et c’est peut-être à force de laisser des estomacs frustrés que les belles ont perdu la renommée et l’attractivité que les livres de mycologie lui prêtent.

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.