Jouissances – 6

20 octobre 2018

C’est une journée où l’automne offre ce qu’il a de mieux : sol humide et temps sublime, douce lumière, couleurs variées des feuillages, chants d’oiseaux guillerets.

Je pénètre dans la cuisine, grande ouverte sur cette débauche d’offrandes et je prolonge le kif : l’odeur des champignons qui sèchent a envahi une partie de la pièce ; dans le fond, c’est la soupe de tomates aux fleurs de yucca qui exhale ses parfums ; devant la baie vitrée, le safran récolté est une tâche de couleur éclatante, et si l’on y approche le museau il y a là aussi matière à se délecter.

Les tomates savoureuses qui ont échappé à la soupe donnent le la de ma salade du jour, et dans l’entrée de la pièce, au soleil, un félin domestique, noblement affalé, semble être l’incarnation parfaite du bonheur qu’il y a à fréquenter ce bas-monde quand il nous est donné des journées comme celle-ci.

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.