23 septembre 2018
Tuer des poules ne m’a sans doute jamais rendu aussi triste. Ce n’est jamais une activité plaisante, mais, comme je l’ai déjà évoqué, je ne la trouve pas contrariante, je suis à l’aise avec l’idée de la mise à mort et capable de passer à l’acte sans m’en formaliser.
Aujourd’hui, je sacrifie les deux poules et le coq qu’avait épargnés la genette. Je les tue parce que ma compagne et moi allons nous absenter longtemps et que nous ne voulons pas imposer aux gardiens de la ferme, pour un si petit cheptel, l’astreinte quotidienne d’ouverture et fermeture du cabanon. Je les tue pour une question pratique, je les tue pour ne les manger que dans plusieurs mois sans doute. Ce n’est pas tant de les tuer qui m’affecte en vérité. C’est, par ce geste, en quelque sorte, d’acter le départ – prévu pour dans un mois environ. Quitter le lieu et les activités pour une demi-année m’est difficile, est générateur d’anxiété (malgré l’excitation), toute la beauté de mon environnement ne m’en saute que plus au visage. Et ces gallinacés pleins de vie sont beaux assurément, et ne le sont que vivants. Leurs cadavres que je plume et vide, bien que porteurs de gouleyantes promesses en sauce yassa, font grise mine en l’état des choses et de mes préoccupations.