Le métier – 14

28 juillet 2018

Au fond, le fait d’annoncer faire la sieste provoque bien peu de sarcasmes. Nos visiteurs, en mode détente, n’en comprennent que trop bien l’intérêt. Mais ils sont nombreux à avoir à la bouche la question de l’heure de mon lever. Et je suis en vérité plutôt gêné de l’admiration qui est la leur quand je leur annonce me lever, et commencer à vaquer, au point du jour. Ah, comme elle a de beaux jours devant elle la valeur travail ! Le mien de travail, qui démarre à la fraîche et se fait au grand air, est pourtant tellement plus enviable que celui de tou-te-s celles et ceux qui se lèvent tout aussi tôt – ou plus – pour se fader une heure ou deux de transport avant d’être à pied d’œuvre. Décevrais-je mes interlocuteurs en avouant par ailleurs que je ne m’astreins à cette contrainte que deux mois sur douze, quand l’activité d’accueil m’oblige véritablement à remplir mes journées jusqu’à la gueule, quand aucune échappatoire n’est envisageable à ce qui contrarie ma fainéantise ?

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.