27 juin 2018
À l’approche des premières tables d’hôtes de l’année, ma compagne se met en quête de nouvelles recettes à y mettre en application. Une judicieuse sélection de plats nous assure déjà une reconnaissance renouvelée de nos hôtes mais elle veut perturber la routine, un peu. Comme nous prenons plaisir à montrer que l’on peut se remplir le ventre et se régaler de cuisine presque exclusivement sans viande et sans fromage (épices et aromates, légumineuses, fruits à coque et graines diverses, merci), il est bon de renouveler un peu l’offre, ou tout du moins de l’augmenter. Aussi s’ajouteront peut-être cette année des desserts au chocolat à base de sarrasin, des burgers soja-tahin et des tians aux classiques de la maison tels que les courgettes farcies au pâté végétal aux champignons, le couscous végé et sa sauce ail-menthe-persil-oignon-tamari-huile d’olive, les beignets d’amarante, de chénopode et de consoude ou ceux épicés aux pois chiche, la moussaka aux lentilles, le daal, la (très) bonne vieille soupe au pistou…
Ma compagne, aujourd’hui plus qu’à son habitude, cherche, essaie. Le reste de l’année, il faut bien le confesser, nous ne cuisinons que très basiquement, nous reposant sur la qualité gustative et nutritionnelle de nos produits pour faire simple et rapide, et consacrer le plus clair de notre temps aux travaux ou aux loisirs. Surtout moi en vérité, qui ne me lasse pas des salades et des poêlées de légumes commodes avec céréale et légumineuse, et qui cède facilement aux casse-croûte pain-fromage, tandis qu’à la fin de l’été je ne peux guère plus voir en peinture les bons plats qu’on a proposés à plusieurs reprises et dont on a fini les restes chaque midi.
Les deux restos que l’on s’est offerts ce mois-ci ont stimulé ma compagne par l’apparent raffinement de leur carte, par l’aspect travaillé des assiettes. J’ai pour ma part trouvé qu’on n’y mangeait pas mieux qu’à la maison, voire moins bien, si l’on savait ne pas se laisser séduire par les apparences. J’assume complètement la relative simplicité de notre cuisine familiale pour la table d’hôtes, persuadé par expérience que nous avons de quoi nous démarquer entre la convivialité du repas pris en commun, la fraîcheur et la qualité des produits, les recettes, l’esthétique fleurie, et le hola que l’on ose mettre sur l’utilisation du sel et du sucre – là où le bât blesse bien souvent, même dans les établissements visiblement attentifs à la qualité – et malgré certaines approximations dans les procédés d’élaboration qu’on ne pourrait sans doute pas imputer à des cuistots à plein temps.