Le métier – 11

13 juin 2018

Il y a eu l’année où les sangliers ont bouffé tout un rang de salades. Ça me rendait malade de devoir servir pendant un temps aux hôtes de la table des laitues achetées, aux formes banales et à la saveur standard, toutes bio qu’elles étaient.

Il y a eu l’année où les melons ont chopé une saloperie, et l’ont transmise au rang de courges adjacent. Il a fallu passer l’été à leur couper les feuilles à mesure que la maladie les gagnait.

Il y a eu l’année où j’avais placé les concombres en bout de rang. L’arrosage par tuyaux micro-poreux, qui se fait moins généreux au bout de 40 ou 50 mètres, les a rendus amers, et les amateurs de chair douce, croquante et aqueuse (dont je suis), s’en sont trouvés fort désappointés.

Il y a eu l’année où j’ai acheté des tomates pour faire nos conserves parce que les araignées rouges étaient en train de décimer ma plantation. Et puis il a bien plu et elles ont disparu. J’ai eu une récolte d’automne finalement plus qu’honorable.

Il y a eu l’année (n’était-ce pas la même ?) où mon fournisseur de plants d’oignons les avait ratés. Je me suis rabattu en catastrophe sur l’usine à plants bio de la région. J’ai eu mes plants tard, et petits. Même en repoussant la récolte aussi tard que possible, une grande partie avait encore bien de la fane, qui n’a pas pu sécher correctement ensuite.

Il y a eu l’année dernière, dont j’ai déjà un peu évoqué l’été mouvementé, qui a finalement été principalement nuisible aux poivrons.

Il y aura cette année, et impossible de savoir ce qu’elle nous réserve, à admirer le jardin naissant, relativement similaire – à quelques jours et quelques nuances près – à un bébé jardin des autres années.

(Mais, c’est quoi ces taches sur les plants de concombres ?… Et de patates ??)

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.