Plantes, compagnes – 6

28 mai 2018

Les aromatiques.

La livèche, reine entre toutes, souveraine au printemps, parfume avec un égal bonheur salades et plats chauds. Avant de vous demander qui peut bien être l’intrigante, assurez-vous que vous ne la connaissez pas en tant qu’ache des montagnes, céleri perpétuel ou bien maggi, comme l’appelle mon cousin alsacien (et pas de raison, a priori, qu’il ait l’apanage de cette référence – plutôt malheureuse selon moi – à un certain bouillon-cube de légumes industriel).

La coriandre en fleur – délicieuses – est à préserver pour la laisser se ressemer seule, au hasard du couvert de la serre, et pour récupérer quelques graines aussi (les fraîches sont un régal dont il faudra savoir user avec parcimonie si l’on en veut des sèches à semer). Les nouveaux plants savent se faire désirer ; ils poussent timidement parmi les carottes, betteraves, panais, auxquels je les ai jumelés.

La roquette, que j’ai laissée monter également ici et là, est sur le point de disperser sa précieuse semence. Je lui suis reconnaissant avant tout de m’offrir tout l’hiver de grosses touffes fournies dans lesquelles glaner pour agrémenter les salades de légumes râpés et de chicorées.

Des tagètes, ou autres œillets d’Inde, que je plante parmi les tomates pour leurs vertus nématicides, il est possible de déguster les feuilles comme condiment puissant. C’est une opportunité dont je n’use que rarement, trouvant, à vrai dire, la chose légèrement écœurante.

L’estragon, épanoui tendron, attend les cueillettes, et moi, vaguement monomaniaque, j’attends les premiers concombres pour l’utiliser en tzatziki, ce qui lui sied le mieux du monde.

La ciboulette n’est pas ma préférée, mais j’en ai (Goût d’oignon, bon pourrait être son petit surnom). Ce n’est pourtant pas faute qu’elle me fasse de l’œil avec ses magnifiques fleurs mauves tendues vers le ciel.

Le nouveau persil est planté, celui de l’an dernier mature ses graines. J’ai sacrifié la majorité des plants qui montaient pour compléter une pâte à tartiner à base de noix et d’ail dont je me régale, ainsi achevée, depuis quelques semaines maintenant.

J’ai pris soin de ne pas débroussailler tous les plants de monnaie du pape et d’alliaire qui jouxtent la maison et dont j’agrémente les salades au début du printemps. Leurs graines voleront bientôt au vent, et dans moins d’un an, pourra-t-on à nouveau déguster les fleurs et piécettes fraîches de la monnaie, les jeunes feuilles de la cousine sauvage de l’ail.

Les mille feuilles de l’achillée sont un peu coriaces maintenant qu’elle fait ses fleurs, mais je saurai les cueillir au moment propice à l’avenir. Par ailleurs une seule suffit à créer la surprise dans une assiette.

L’armoise, avec parcimonie, parfumerait bien les plats, mais je l’éradique, l’envahissante, qui s’est déjà bien trop étalée autour de la maison.

L’oxalis, autre envahissant (au jardin), ravira les amateurs d’acidité par sa parenté gustative avec l’oseille. Je la leur laisse. Ils peuvent venir tout désherber, en déterrant jusqu’à la dernière des mille bulbilles qu’elle garde précieusement disséminées sous la terre.

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.