22 mai 2018
Dans le reportage radiophonique diffusé ce mois-ci, j’énonce ne pas me voir vivre ailleurs, même les jours où rien ne semble aller. Le montage me fait dire ensuite que « je suis enraciné ». Voilà qui est opportunément enchaîné, et apte à susciter de l’émotion. Et voilà également qui me fait m’interroger : suis-je bien enraciné ? Enraciné à mon domaine, je le conçois, et il est vrai qu’il me serait très difficile aujourd’hui d’avoir à en partir, d’avoir à renoncer à tout ce qu’il m’apporte… Mais ce n’est là qu’un premier niveau de racines, et s’il nourrit assurément, il semble qu’il lui manque tout de même toutes ou certaines de ces racines secondaires qui ancrent plus profondément, qui rendent fort et résistant. Les Cévennes et ses habitants sont-ils pour moi comme un sol au complexe argilo-humique défaillant pour une plante, et la ferme comme un engrais (organique, tout de même) qui permet de vivre malgré tout ? Il y a de ça, mais ne dramatisons pas : si l’enracinement est loin d’être parfait, il progresse néanmoins. Qu’on me pardonne d’être une plante un peu timide, qui ne sait pas toujours bien comment faire son chemin dans la terre qui l’accueille…
Auteur : zazar
Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.
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