Jouissances – 3

16 mai 2018

Ça ne devrait en vérité pas demander beaucoup de mots pour le dire. Trois tout au plus. Mais il y a que je ne peux m’empêcher – à tort ou à raison – de broder autour.

Ça aurait pu donner lieu à un poème court, un haïku. J’en ai écrit par le passé, mais ça demande un certain état d’esprit dans lequel il me faudrait préalablement me remettre. On ne virevolte pas impunément entre prose et poésie…

Je ne sais pas à quelle variété elle appartient. Je ne saurais bien communiquer sa couleur sans la trahir, l’aplatir, la vulgariser. Quant à la nature de son odeur, cela me serait encore plus difficile. Mais à tout le moins, elle m’a comblé. Furtivement, le temps d’une inspiration (la deuxième est déjà sacrément moins parfumée), elle m’a fait tourner la tête.

Levons le mystère, c’est juste une rose, une plante parmi d’autres dans mes jardins, qui a trouvé le moyen de capter mon attention, de sortir du lot… Et qui m’a donné l’occasion de m’asseoir pour écrire, de profiter aussi de tout le reste autour.

Prose pour une rose… Il a d’ailleurs l’air de se demander ce que je peux bien retranscrire, cet énorme lézard vert, juché sur le haut du muret en grès et quartz blanc. Gros lézard qui semble gonflé artificiellement par les importantes précipitations des dernières semaines. Gros lézard – ou bébé varan ? – ton regard m’intimide, je retourne à ma rose. Elle est habitée seulement d’insectes placides dont je ne discerne pas les organes oculaires.

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.