Le métier – 9

7 mai 2018

Le paysan attend. Il attend que le temps soit propice à ce qu’il veut faire. Il attend que ça pousse. Il attend un an pour mettre en application une leçon que son activité lui a prodiguée, quand elle est rattachée au cycle du vivant. Il attend d’avoir fini une tâche pour pouvoir en réaliser une autre qui lui est liée. Il attend la prochaine sortie courses en ville pour pouvoir acheter de quoi bricoler quelque chose…

Moi, j’aime pas attendre. Mais il y a toujours quelque chose à faire en attendant. Et en attendant, ainsi, souvent, le paysan oublie ce qu’il devait faire d’autre, ou ne parvient pas à s’ôter de la tête la liste d’attente quand elle est trop longue.

La longue liste décourage parfois de faire. Si on la laisse enfler démesurément, l’attente se fait encore moins tolérable. On ne sait plus que parer aux urgences, quitte à s’en fabriquer de plus ou moins crédibles pour ne pas regarder en face ce qui pourrit à trop attendre qu’on cesse d’attendre. C’est là que je perds parfois un peu pied, le temps d’un micro burn-out qui me sèche pour un jour ou deux. Pour repartir du bon pied et du cerveau bien disposé, il arrivera que je purge volontairement la liste d’attente de quelques tâches, remises alors aux calendes grecques, histoire tout de même de ne pas s’avouer complètement vaincu à leur sujet.

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.