7 mai 2018
Le paysan attend. Il attend que le temps soit propice à ce qu’il veut faire. Il attend que ça pousse. Il attend un an pour mettre en application une leçon que son activité lui a prodiguée, quand elle est rattachée au cycle du vivant. Il attend d’avoir fini une tâche pour pouvoir en réaliser une autre qui lui est liée. Il attend la prochaine sortie courses en ville pour pouvoir acheter de quoi bricoler quelque chose…
Moi, j’aime pas attendre. Mais il y a toujours quelque chose à faire en attendant. Et en attendant, ainsi, souvent, le paysan oublie ce qu’il devait faire d’autre, ou ne parvient pas à s’ôter de la tête la liste d’attente quand elle est trop longue.
La longue liste décourage parfois de faire. Si on la laisse enfler démesurément, l’attente se fait encore moins tolérable. On ne sait plus que parer aux urgences, quitte à s’en fabriquer de plus ou moins crédibles pour ne pas regarder en face ce qui pourrit à trop attendre qu’on cesse d’attendre. C’est là que je perds parfois un peu pied, le temps d’un micro burn-out qui me sèche pour un jour ou deux. Pour repartir du bon pied et du cerveau bien disposé, il arrivera que je purge volontairement la liste d’attente de quelques tâches, remises alors aux calendes grecques, histoire tout de même de ne pas s’avouer complètement vaincu à leur sujet.