7 mai 2018
Elles viennent par flashs, visions d’un ailleurs autant que souvenirs.
Là, il y a vingt ans, trente ans, ce n’était pas pareil. Là, il y avait une forêt au lieu de cultures ; là des cultures au lieu de prés ; là, du caillou au lieu d’herbe ; là pas encore d’arbres ; là une cabane perchée ; là pas ce bâtiment ; là des amis vécurent un moment ; là des chèvres au lieu d’une salle de bain, des ânes au lieu d’une chambre ; là une autre porte d’accès au poulailler ; là on n’accédait pas en voiture ; là il y avait des carcasses de voitures où jouer, et des guêpes qui y nichaient ; là j’ai pu y camper ; là passer sous le cheval pour impressionner les copains ; là j’ai pleuré sur les marches une fois où mes parents, partis en foire, m’avaient laissé avec un ami à eux… Elles n’ont pas bien changé ces marches en dalles de schiste, mais quand même, ce n’étaient pas les mêmes puisque je n’étais pas le même.
Là, aujourd’hui, elles me bouleversent toujours un peu ces visions. Elles me donnent furtivement le vertige… Et me questionnent sur ma capacité et ma volonté à encore faire évoluer ce lieu, hors arbres qui pousseront de toute façon et autres que j’abattrai. L’idée de ne pas le faire progresser comme l’ont fait mes parents me semble une trahison, quand bien même la nécessité ne se fait plus sentir, puisque ça a tout pour nourrir son couple… Et quand bien même certains changements ne manqueront pas de s’imposer pour des questions pratiques plus ou moins vitales, des questions d’écologie ou par obligations légales. Vu d’ici, pourtant, je n’arrive pas à imaginer que ça puisse véritablement transfigurer le décor, mais peut-être que je manque juste d’imagination…