Avec les bêtes – 15

23 avril 2018

Ces crapauds que je découvre en ratissant le paillage de foin d’une faïsse de culture. Ces crapauds, blottis contre la terre humide, que je dérange, mais que cette fois-ci je n’ai pas occis. Ces crapauds, que je ne peux m’empêcher de prendre dans mes mains, sachant pourtant bien la dose de stress que ça leur procure (le liquide dont ils m’inondent alors parfois les doigts en témoigne). Ces crapauds dont je ne me lasse pas d’admirer les yeux de topaze, comme le dit si bien la chanson qui leur est dédiée. Ces crapauds et leurs petits doigts qui s’agrippent, ils me font penser à des nouveaux-nés humains, ils m’émeuvent autant que peut le faire un bébé tout frais et totalement vulnérable. Sans doute même plus, ma sympathie à leur égard n’étant pour le coup parasitée par aucune injonction sociétale de type « les batraciens tu chériras, devant eux tu fondras et gagatouilleras, sinon, gare à toi, un paria tu deviendras ! »

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.