Le pays – 10

15 avril 2018

Le loup n’est pas chez nous, du moins officiellement. Mais les rumeurs…

Ce gars du coin par intermittence qui s’est fait une spécialité de l’observation du lupidé, de l’étude de son cas, lui, l’affirme : il est bien là, des empreintes le confirment, et il a attaqué, déjà, un veau, un bélier et un chien de berger. Sans doute habitué à susciter du doute et de la perplexité, notamment auprès des autorités compétentes, le spécialiste est d’un abord difficile, semble contrarié de répondre aux questions, le fait finalement avec nervosité, comme s’il devait se justifier de son avis et de ses observations… Et il l’écrit, dans les premières pages d’un livre qui vient de paraître, avec une suffisance maladroite qui n’aide pas à lui témoigner de la confiance. Quand la personnalité du bonhomme vient parasiter le propos, je m’en trouve un peu embarrassé. Et quand il affirme qu’il faut capturer l’animal qui attaque les animaux d’élevage, le laisser mariner dans son stress – et qu’il communique alors cette peur à ses congénères par l’odeur de ses excréments -, puis le relâcher pour le voir guéri dans la plupart des cas de ses velléités en matière de prédation sur les troupeaux, je voudrais croire la chose sur parole… Il dit que cela se pratique avec succès aux États-Unis, mais les États-Unis ne sont pas la France. Il déplore que l’on fasse peu de cas de ses arguments au gouvernement, mais comment les leur communique-t-il ?

C’est un sujet qui déchaîne les passions, et bien de la perplexité quand, comme dans mon cas, cela ne porte pas à conséquence sur le quotidien. (Si un jour mes quelques moutons ne devaient plus pouvoir paître tranquillement, cela ne bouleverserait pas beaucoup mon activité.)

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.