20 mars 2018
Une tronçonneuse hurle dans la vallée, combien d’oreilles se tendent ? Combien de jumelles sortent de leur étui ? « Et si c’était sur mes parcelles que… ? » (Un terrain dont rien n’est fait sans doute par son propriétaire, mais un sou est un sou et ses arbres sont ses arbres !) Aussi le cantonnier, quand il élague le bord des routes, a-t-il des visites plus ou moins courtoises de quelques inquiets pour la prolongation de leur chair faite terre à bois, lande ou taillis.
Aussi mon père en son temps a-t-il eu vite à qui parler quand il sortit sa lame mécanique pour abattre les pins de la parcelle d’à côté… Celle-là même de laquelle il n’en finissait pas de négocier l’acquisition quand il découvrit à la faveur de la publication du cadastre mis à jour qu’elle était déjà sienne. L’importun visiteur, qui en fut alors informé, et chercha sans doute confirmation de son côté ensuite, ne revint jamais réclamer justice pour son bien mal nommé. Les pins furent tous coupés, qui offrirent une fois couchés, un ensoleillement tout neuf aux cultures adjacentes – et l’occasion à des chênes pubescents d’occuper la place libérée. Puis d’autres pins tombèrent sur la même parcelle, qui ont découvert, eux, cinq jolies faïsses exposées sud-est sur lesquelles allaient s’épanouir finalement presque toutes les cultures légumières de la ferme.