Le pays – 7

20 mars 2018

Une tronçonneuse hurle dans la vallée, combien d’oreilles se tendent ? Combien de jumelles sortent de leur étui ? « Et si c’était sur mes parcelles que… ? » (Un terrain dont rien n’est fait sans doute par son propriétaire, mais un sou est un sou et ses arbres sont ses arbres !) Aussi le cantonnier, quand il élague le bord des routes, a-t-il des visites plus ou moins courtoises de quelques inquiets pour la prolongation de leur chair faite terre à bois, lande ou taillis.

Aussi mon père en son temps a-t-il eu vite à qui parler quand il sortit sa lame mécanique pour abattre les pins de la parcelle d’à côté… Celle-là même de laquelle il n’en finissait pas de négocier l’acquisition quand il découvrit à la faveur de la publication du cadastre mis à jour qu’elle était déjà sienne. L’importun visiteur, qui en fut alors informé, et chercha sans doute confirmation de son côté ensuite, ne revint jamais réclamer justice pour son bien mal nommé. Les pins furent tous coupés, qui offrirent une fois couchés, un ensoleillement tout neuf aux cultures adjacentes – et l’occasion à des chênes pubescents d’occuper la place libérée. Puis d’autres pins tombèrent sur la même parcelle, qui ont découvert, eux, cinq jolies faïsses exposées sud-est sur lesquelles allaient s’épanouir finalement presque toutes les cultures légumières de la ferme.

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.