Plantes, compagnes – 4

14 mars 2018

Celles qu’on taille. Loin du gel et de la pluie de préférence. Avec saison de prédilection propre à chacune… Et qu’on respecte ou pas.

L’actinidia, qui, si l’on attend trop pour le faire, deviendra plante fontaine, pleurera toutes les larmes que son corps ne peut pourtant raisonnablement pas contenir.

Parmi les petits fruits, on ne comptera qu’avec les rares jeunes framboisiers que le remue-ménage des sangliers n’a pas fatalement contrariés – autant dire rien malheureusement. C’est la sècheresse d’automne qui a dû être une épreuve pour les cassissiers que j’ai pourtant maintenus irrigués tout l’été. La taille des sujets secs est sans concessions. Groseilliers et caseilliers ont mieux résisté, un bon éclaircissement va les dynamiser.

Ces pommiers plus ou moins anciens, pas touchés depuis plusieurs années, jungles de pousses anarchiques dans lesquelles il faut trancher. Mais avec application.

Le mûrier et sa taille rase bisanuelle, héritée de l’époque où se pratiquait l’élevage du ver à soie. Elle a ici pour but d’éviter à l’arbre d’aller trop chatouiller la ligne téléphonique qui lui passe au-dessus.

Ce cerisier et cet abricotier chéri qui n’ont pas supporté la sècheresse de l’an dernier n’ont plus qu’à être abattus. Peut-être feront-ils maintenant le bonheur du tourneur sur bois du coin. De ce pêcher à moitié pourri que la neige a mis à terre, il n’y a rien à tirer.

Et puis les autres fruitiers… Pruniers, griottiers, cognassiers, poiriers, figuiers, oliviers, pêchers de vigne, plaqueminiers n’y passeront pas tous cette année.

La boule à zéro pour les saules, en rêvant d’un jour se décider à utiliser la ressource pour se mettre à la vannerie.

La glycine et la vigne vierge, qui envoient leurs pousses sous les tuiles, nécessitent une taille de discipline.

On se laisserait bien envahir par les lilas, enivrante floraison odorante à venir, mais il en va de la sécurité des marcheurs noctambules puisque les arbustes s’épanouissent devant une ampoule extérieure fort utile.

La vigne peut attendre encore un peu, puisque « taille tôt, taille tard, rien ne vaut la taille de mars », et que selon certains cœurs de pierre il lui est même bénéfique de pleurer un peu. Pour patienter j’ai préalablement quelques tonnelles avachies à remettre d’aplomb.

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.