À table ! – 3

25 février 2018

Dans les restaurants, en nous le demandant, la plupart du temps, on ne nous demande PAS ce que l’on a pensé de la nourriture. On ne nous demande rien, on ne nous parle même pas en vérité. Simplement, en obéissant à cette convention, on fait son travail. Notre travail en face est de répondre que ça a été, le ton choisi pour le dire nous laissant quelqu’infime latitude pour faire sentir un éventuel mécontentement. Ma compagne – qui est étrangère, nous l’excuserons – n’a pas su se tenir à sa place devant le serveur de l’hôtel impersonnel où nous avons dû (plutôt mal) dîner récemment. Elle a récolté, sous emballage courtois, la justification évasive, hypocrite et agacée qu’elle méritait. Na !

Quand un client qui vient de déguster ma cuisine, revient sur le stand pour me féliciter, personne ne lui a rien demandé. J’ai l’assurance que le compliment est sincère, et il me va droit au cœur. Cela arrive régulièrement, et je dois dire que je savoure la chose à sa juste valeur : tout le monde devrait recevoir des compliments pour le travail qu’il accomplit. Mais dans bien des domaines, on s’imagine je crois qu’un salaire est suffisant. Et si la flatterie ou les courbettes en tout genre sont à éviter, reconnaissons qu’on part de loin au pays des râleurs. Ceux dits fainéants, ceux dits trop exigeants, naviguent d’un rôle à l’autre parfois, et en toute mauvaise foi, au gré des confrontations… Pourtant un sourire ou un merci à-propos sont à même de les transfigurer subitement, j’en fais parfois l’expérience dans les commerces ou ailleurs.

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.