À table ! – 2

25 février 2018

En foire bio, cuisinant des aliments à base de végétaux. Cette place pas si simple à faire reconnaître, entre vegans et gourmets carno-centrés.

Parmi les premiers, qui fustigent l’élevage, certains reconnaissent que l’élevage à petite échelle pratiqué chez moi – je ne le leur cache pas, encore faut-il qu’ils veuillent le voir – satisfait à leurs exigences morales. Mais que ce n’est plus, dès lors, de l’élevage. Confusion symptomatique du fatras idéologique à l’œuvre dans ce mouvement, qui empêche ses adeptes de voir que le problème n’est pas l’utilisation des animaux mais ce que l’industrie en a fait… Et ce que l’industrie sous la coupe de la finance fait de tout en général, et plus particulièrement de tout ce qui a trait au vivant.

On n’y voit pas plus clair chez les accros à la bidoche, qui se sentent agressés par l’existence de pâtés végétaux, s’obstinant à voir en l’humain un carnivore quand sa véritable nature omnivore lui autorise bien plus. Tant de possibilités pour se nourrir, tant d’occasions de faire preuve de curiosité et de créativité… Que demande le peuple ? De s’en tenir aux traditions, malheureusement, trop souvent. Faut croire qu’on ne nous apprend pas…

Là-dessus en arrivent, messianiques, des qui clament « enfin une vraie alternative à la viande ! » pour vendre la fausse bonne idée censée sauver l’humanité de la pénurie alimentaire : l’élevage des insectes. Et comment s’étonner que certains n’identifiant même pas le poisson ou le poulet (!) comme de la viande, la confusion là aussi règne en maîtresse ? (Comment s’étonner qu’on la fasse régner quand il y a un marché à défendre ou à développer, une industrie à protéger ou à créer ?) Toute chair animale est viande, et les nécessaires alternatives – équilibrées, écologiques – aux régimes sur-carnés, qui s’imposent partout où le développement économique va bon train, sont connues depuis des lustres et sont végétales.

Cela étant intégré, ne perdons pas de vue ce que l’agriculture doit à l’élevage et ne nions pas ce que lui et l’alimentation carnée véhiculent en terme de culture séculaire.

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.