Le métier – 6

21 décembre 2017

À la Mutualité Sociale Agricole, une affiche prévient : si les employés sont à notre écoute, cela ne signifie pas qu’il puissent tout entendre ; halte aux incivilités ! Et dans les couloirs, elle raconte quoi la léthargie des allées et venues traînantes du personnel ? Le simple ennui ou la fréquence de ces incivilités, qui terrasse ? Les objectifs fixés par la direction (que les salariés savent inatteignables ou immoraux) ? Le porte-à-faux entre une administration en mode dématérialisation dont ils doivent se faire le relais, et des assurés plutôt perdus et bien souvent remontés (à juste titre) ? Qu’en saurai-je jamais ?

Moi j’ai rendez-vous avec la perle rare, celui qui arrive vers moi d’un bon pas, qui répond à toutes mes questions avec franchise et rigueur. Et avec le sourire. Celui qui ne compte pas son temps. Celui qui conseille pertinemment, jusqu’à plaider pour un peu de triche quand il en va du simple fonctionnement d’une activité. Celui qui a décidé de prendre son travail à bras le corps, en toute humanité, et qui semble-t-il en retire toute satisfaction. La perle rare je vous dis. Déjà plus rare qu’il y a cinq ans, quand je l’avais rencontré dans les bureaux de la ville à une heure de chez moi. Ces bureaux se trouvant désormais fermés aux visites, j’ai dû rouler plus d’une heure trente, jusqu’à une ville plus grande. Et dans cinq ans, si je devais le revoir… Son hologramme dans mon bureau ?

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.