8 décembre 2017
Je revendique le besoin de créer, tout en sachant en mon for intérieur qu’avec un peu de discipline, on peut se défaire de certains besoins. Mais ceci est un besoin qui participe à me forger une identité. Une identité pas banale, qui m’autorise dès lors à n’en dévoiler guère plus pour me sentir digne d’intérêt. Et j’ai beau constater qu’en vérité ça ne sert à rien, que sans doute je ne trompe personne car n’est digne d’intérêt que celui qui se dévoile un peu (moi, je ne sais me livrer par la parole qu’en tout petit comité, et ce n’est pas tous les jours qu’on s’y trouve, et encore faut-il que l’envie y soit, qu’une certaine écoute existe…), j’ai beau constater que la plupart des gens que je croise ou côtoie voient au-delà des apparences (et que ceux qui ne le font pas sont des casse-bonbons sans vraie curiosité), je m’obstine à vouloir créer.
J’écris et je dessine, aussi, parce que c’est confortable, parce que je suis seul au-dessus de ma feuille, parce que je ne le montre que si je veux, que quand je veux, qu’à qui je veux. Que je désire qu’une production reste invisible et elle le restera. Il va de soi que la chose n’est guère – ou que très rarement – possible dans le cadre de mon activité de paysan.
Je dessine et j’écris parce que diverses amitiés m’attachent à cet univers, et que je ne peux m’aviser de la création dont font preuve ces amis, sans que ça me titille aussi un peu à mon tour.
Je crée, enfin, parce que je peux me le permettre, que l’entreprise fait vivre son couple, et que tout en sachant les investissements indispensables (en argent et en temps de travail) à la bonne marche de l’affaire sur le long terme, je n’ai pour le moment pas le couteau sous la gorge. Mais ça ne durera peut-être pas, et je rêve parfois de ne m’être jamais épris des histoires. Je me fantasme une vie tellement plus simple alors.