Motifs d’émotion – 4

23 octobre 2107

Il ouvre ses portes dans deux semaines, ce salon éco-bio parisien où l’on tient chaque année un stand de restauration pendant neuf jours.

Les foires et salons avaient permis à mes parents de subvenir à leurs besoins et d’envisager sereinement de vivre de l’agriculture dans ce coin perdu sans plus trop en chier pour joindre les deux bouts. Les salons sont restés, après que mes parents ont développé l’accueil à la ferme, une part importante des revenus de l’entreprise. Ma compagne et moi n’avons rien changé à cela : ce gros évènement lointain est un incontournable de notre activité. Et un gros facteur d’anxiété.

J’ai beau savoir que tout se passe toujours bien peu ou prou, les mille incertitudes concernant le déroulement des choses, les mille et une probabilités qu’un truc déconne, et les chances – quoiqu’infimes – que ce soit un truc majeur (panne de véhicule, accident, commission de sécurité trop regardante…) m’empêchent de jouir comme il se doit des joies de l’automne. L’imprévu me fait peur. Et dans ma vie plutôt balisée, cette escapade fait figure de sommet d’incertitudes. Et si, pour faire simple, je redoute la routine autant que les surprises, il semble qu’avec une dose conséquente d’histoires, vecteurs de surprises sans risques immédiats, je puisse me contenter, dans les limites du raisonnable, d’une vie sans grand éclat.

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.