23 octobre 2107
Il ouvre ses portes dans deux semaines, ce salon éco-bio parisien où l’on tient chaque année un stand de restauration pendant neuf jours.
Les foires et salons avaient permis à mes parents de subvenir à leurs besoins et d’envisager sereinement de vivre de l’agriculture dans ce coin perdu sans plus trop en chier pour joindre les deux bouts. Les salons sont restés, après que mes parents ont développé l’accueil à la ferme, une part importante des revenus de l’entreprise. Ma compagne et moi n’avons rien changé à cela : ce gros évènement lointain est un incontournable de notre activité. Et un gros facteur d’anxiété.
J’ai beau savoir que tout se passe toujours bien peu ou prou, les mille incertitudes concernant le déroulement des choses, les mille et une probabilités qu’un truc déconne, et les chances – quoiqu’infimes – que ce soit un truc majeur (panne de véhicule, accident, commission de sécurité trop regardante…) m’empêchent de jouir comme il se doit des joies de l’automne. L’imprévu me fait peur. Et dans ma vie plutôt balisée, cette escapade fait figure de sommet d’incertitudes. Et si, pour faire simple, je redoute la routine autant que les surprises, il semble qu’avec une dose conséquente d’histoires, vecteurs de surprises sans risques immédiats, je puisse me contenter, dans les limites du raisonnable, d’une vie sans grand éclat.