1er juillet 2017
D’abord la pulsion : vouloir juste, et se voir le faire, lui éclater le crâne. Juste après, très vite, l’idée que non, on ne pourrait pas, on n’aimerait pas ça. Ça : lui faire payer. Ainsi, reste le désespoir d’avoir affaire à la nature. Une nature sourde à toute préoccupation humaine. Une nature matérialisée ici par un sanglier (ou plusieurs). Un sanglier entré dans les jardins qui a déplacé, bousculé, grignoté, déterré…
La phase de désespoir est plus longue, elle anesthésie d’abord, puis déborde sur celle de l’action qui vient nécessairement : replacer, replanter, rafistoler… en songeant que si l’on avait été plus prévoyant cet hiver en travaillant sérieusement sur la clôture (les lacunes sont connues, les cochons pas à leur première visite), il en serait sans doute autrement aujourd’hui ; en songeant que cela s’ajoute à tout ce que l’on trouvait déjà peu réussi aux jardins cette saison et qui ne va pas aider à alimenter la table d’hôtes – pour ce qui nous préoccupe à cette période de l’année. Alors il faudra acheter, à rebours de la logique paysanne qui veut que l’on produise le plus possible ce que l’on fait manger aux gens.
Ainsi, après la colère, après l’impuissance, survient le sentiment d’humiliation : je ne sais pas faire mon boulot correctement et ça va se savoir. Ainsi survient mon cauchemar, qui n’est heureusement vraisemblablement qu’en grande partie fantasme d’un esprit craintif. La bienveillance que je trouve en général à mon encontre – et qui fait sans doute écho à l’humilité et à l’avenance que je m’efforce d’exprimer – me ramènera comme toujours les pieds sur terre.