6 juin 2017
Comment ai-je formulé ça, pour qu’ils croient, ces amis, que je leur annonçais la venue d’un rejeton ? Et comment vont-ils recevoir désormais ce petit ouvrage fanzinesque pour l’envoi duquel en vérité il me fallait leurs coordonnées ? Ils ont cru me voir passer un cap, devenir plus adulte, ils constateront que j’en suis plus que jamais resté à des enfantillages. C’est du moins le film que je me fais, toujours soucieux du regard porté sur moi, quand bien même nombreux sont ceux qui font un enfant par caprice, et quand bien même l’édition restreinte d’ouvrages sans grande prétention (fanzines) me semble souvent très pertinente et gage de maturité, loin de la surproduction éditoriale défendue – voire prescrite – au nom de la culture (et blanchie de tout soupçon par l’utilisation d’un papier labellisé aussi écolo qu’un président de la République flambant neuf qui fait les gros yeux au grand chef irresponsable d’un grand Empire outre-Atlantique). C’est le film que je me fais, gêné en vérité que cette demande d’adresse postale et ce drôle de quiproquo donnent trop d’importance à ce que j’imaginais prétexte au contact plus que présent de valeur. Le contact est déjà fait, et avec la méprise sur son objet, cela participe à mettre le projecteur sur la toute petite création que, m’efforcé-je de ne pas penser maintenant, j’aurais peut-être dû garder pour moi, au fond.