25 mai 2017
Que m’apprennent les vovos (voyageurs volontaires sur les fermes bio) ? Les vovos m’apprennent à ne pas compter : à quelle vitesse j’aurais réalisé une tâche à leur place, quel temps m’ont-ils fait gagner – si c’est bien le cas -, et quelle énergie, tous comptes faits (ce que j’économise à ne pas faire certains travaux, ce que leur présence me demande en vigilance, en éloquence, en prévoyance, en patience…), combien me coûte leur tube digestif, leur exigence d’hygiène… Les vovos m’apprennent à faire avec (tout ce qu’ils sont). Les vovos m’apprennent à (me) faire confiance, et à plus forte raison quand ils parlent peu ou mal le français, que l’expression de leurs attentes et désirs, et la lecture de ceux-ci de mon côté n’est pas toujours aisée. Les encadrer me donne un cadre en retour. Les vovos bousculent parfois mes idées, les vovos me font voyager, les vovos peuvent m’apprendre un peu de néerlandais, et ces vovos-là m’aident aussi à mieux connaître ma langue. Les vovos m’apprennent qu’on peut être jeune, bien bâti, mais fort peu endurant, et peu résistant, et déjà un peu abîmé… Les vovos c’est pas tout rose mais ça compte, comme l’expérience d’un petit morceau de révolution sociale et relationnelle.
Auteur : zazar
Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.
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