Ma vie d’élu – 4

8 mai 2017

Encore un fier ! Lui c’est l’ancien cafetier-hôtelier-restaurateur-épicier du village qui vient déménager son matériel du commerce qu’il a laissé il y a quelques mois. Les murs sont à la mairie. Lui aurait bien aimé que la municipalité lui rachète également son matériel sans trop faire la fine bouche, car il n’est parvenu à revendre à personne son fonds de commerce. Il en a été décidé autrement par le maire et un adjoint. Et personne au conseil municipal, sauf moi, n’a exprimé une opinion contraire. Et personne n’a répondu à mon appel ultérieur lorsque j’ai justement souhaité que les avis de chacun soient exposés.

Lui, c’est un type énergique qui s’est engagé sans compter. Il doit aujourd’hui travailler comme employé pour faire vivre sa famille, et le faire avec hernies discales, arthrose et arthrite dans le bras. Il me l’apprend. Il a, à 40 ans, les maux d’un homme de 60. Mais il garde la tête haute, le sourire, et se veut rassurant quand il lit la tristesse et l’empathie dans mon regard. Ça va qu’il dit, de toute façon il ne sait pas s’arrêter. Et puis là-bas, tout au sud, où il vit désormais, y’a la montagne, y’a la mer, alors ça va, forcément !

Forcément… C’est un fier.

Auteur : zazar

Après des études dédiées à l’illustration et quelques années de pratique de la bande dessinée, je me réinstalle fin 2008 sur la petite ferme écolo (en AB et sous mention Nature et Progrès) où j’ai grandi, dans les Cévennes. Mes parents y avaient élu domicile en 1973, achetant alors une ruine et un terrain envahi par les pins. 40 ans plus tard, ils peuvent me léguer un lieu habitable, vivant, agréable… Une petite oasis de verdure isolée au cœur d’une forêt plutôt aride, et un outil de travail efficient – quoiqu’un peu brinquebalant. Ainsi, en 2013, je reprends officiellement l’activité agricole de mes illustres géniteurs qui ont déménagé dans la bourgade avec services la plus proche. Je suis accompagné par ma compagne dans nos activités de cultures (fruits et légumes), de petit élevage, de valorisation de ces productions en cuisine (dans des foires bio et à la ferme) et d’Accueil Paysan en camping et chambres. Une bande dessinée dédiée à nos premières années paysannes, le « Carnet de Cambrousse », est à paraître. Le JOURNAL PAYSAN, lui, tout de texte, et sans doute plus intime, prend la suite de la BD, mais peut s’appréhender sans l’avoir lue. J’ai 37 ans quand je le démarre, le 8 avril 2017.